par Devroey, Jean-Pierre
Editeur scientifique Plumier, Jean;Regnard, Maude
Référence Voies d'eau, commerce et artisanat en Gaule mérovingienne, Ministère de la Région wallonne, Direction générale de l'Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine, Division du Patrimoine, Namur
Publication Publié, 2005
Publication dans des actes
Résumé : Au moment où un nouveau bilan des fouilles archéologiques révèle l’ampleur des découvertes réalisées dans le « pays mosan » au cours des dernières décennies, il est intéressant de dresser un bilan critique du contexte historiographique dans lequel historiens et archéologues doivent interpréter ces faits nouveaux. En 1930, Félix Rousseau bâtissait son histoire de l’expansion mosane autour d’une idée-force : le fleuve, acteur de l’histoire. La Meuse, « ce chemin qui marche » avait non seulement assuré l’unité, mais aussi la fortune du pays mosan au moyen âge. Rousseau ne contredisait pas de Pirenne lorsqu’il attribuait un rôle décisif aux échanges interrégionaux, qui auraient emprunté le couloir mosan durant tout le moyen âge. C'est le jugement porté sur le IXe et le Xe siècle qui séparait les deux historiens. Tandis que Pirenne croit que les « invasions normandes ont anéanti le commerce », Rousseau ne veut voir en elle qu’un « épisode, une parenthèse (qui) n’affecte pas sensiblement la vie économique ». En 1968, Georges Despy s’est refusé à se prononcer sur l’histoire des villes mosanes à l’époque mérovingienne : « les documents sont trop rares, qu’il s’agisse de sources écrites ou de données fournies par la numismatique, pour que l’on ne doive se livrer à des supputations souvent séduisantes, mais parfois aussi quelque peu aventureuses ». Dans une série d’articles de synthèse (et très bientôt un livre) publiée depuis 1987, Adriaan Verhulst a réexaminé les thèses de Pirenne à la lumière des données nouvelles apportées par l’archéologie urbaine. Il met l’accent sur l’hypothèse d’une continuité topographique et, par endroits, fonctionnelle de la vie urbaine des anciens Pays-Bas. Le monde mérovingien aurait largement hérité des structures administratives et des réseaux urbains, qui étaient en place durant l’Antiquité tardive. L’opposition entre Meuse et Escaut reste toutefois valable : en dehors du pays mosan, « les fonctions centrales (des) chefs-lieux et l’origine romaine de bon nombre de ceux-ci n’ont pu empêcher qu’aux VIe VIIe siècles leur importance pour l’industrie ou le commerce était minime (…) ». On discutera ici de la validité du concept de « pays mosan » à la lumière des sources écrites et matérielles et de l’argument numismatique, afin de procéder à une évaluation diachronique des types variés de continuité du réseau urbain légué par l’Antiquité tardive : continuités d’occupation, fonctionnelle et institutionnelle.