Article révisé par les pairs
Résumé : Cet article a pour principal objet de suivre la mise en place d’une « métaphysique des possessions » qui trouve son origine dans l’œuvre de Gabriel Tarde. Elle se caractérise par une substitution ; à l’analyse des fondements et de l’exercice du pouvoir, elle oppose des questions d’un tout autre ordre, à la fois plus immatérielles et plus microscopiques : comment s’opère la possession d’un être (qu’il soit physique, biologique ou technique) par un autre ? Que signifie être possédé par une croyance ou un désir ? Par quelles voies se transmettent les idées et les inventions dans une société donnée ? Sous l’apparente diversité de ces questions, il est possible de repérer des dynamiques communes. C’est la fonction de la « métaphysique » selon Tarde : rendre compte de principes génériques engagés tout au long de la chaîne des organisations sociales, des formes les plus primaires de l’association biologique aux formes les plus élaborées des sociétés. Notre hypothèse est que se met en place, à partir de Tarde, une « métaphysique empirique » qui définit un axe de pensée, resté longtemps minoritaire dans la philosophie française, dont ont hérité des philosophes aussi différents que H. Bergson, G. Simondon, R. Ruyer ou encore G. Deleuze et F. Guattari, et qui trouve aujourd’hui une nouvelle actualité.