Résumé : Quatre campagnes de fouilles menées entre 1975 et 1978 sur le site d’Apamée de Syrie ont permis de mettre au jour, dans le secteur oriental de la ville, à proximité de l’édifice « au triclinos », une série de boutiques donnant sur le portique nord du decumanus maximus. Parmi l’abondant matériel découvert figurent 443 lampes à huile en terre cuite et 95 moules en terre cuite servant à façonner ces lampes. Le matériel – comme l’interprétation de la fouille – est resté inédit. Trente ans après le terme de l’exploration de ce secteur, le présent mémoire a pour objectif de proposer un cadre chronologique pour l’histoire de ce quartier et de fournir un catalogue typologique raisonné pour le matériel céramique constitué des lampes et des moules. Si les phases anciennes (hellénistiques et romaines) de ce quartier demeurent mal connues, les phases byzantines sont mieux documentées. Une première occupation byzantine du quartier, dont le tracé des structures semble dater du IIe siècle de notre ère, s’interrompt brutalement par une violente destruction matérialisée sur le terrain par une couche de cendres et de débris de terre cuite architecturale. Cette destruction doit probablement être mise en rapport avec le tremblement de terre de 458 après J.-C. Lors de la deuxième phase d’occupation byzantine, un four est aménagé dans la boutique 1 et dans la boutique 2. Ils sont peut-être à mettre en relation avec la production de lampes, retrouvées en abondance sous le portique et dans l’arrière-boutique de la pièce 2. Lampes et moules en terre cuite proviennent en effet de la couche d’abandon-destruction de cette deuxième période byzantine et sont donc contemporains des deux fours. Les deux séismes de 526 et 528 de notre ère sont la cause probable de cette destruction. Les occupations postérieures ont laissé peu de vestiges. L’organisation typologique des lampes et moules en terre cuite se base sur la forme générale de la lampe et de ses composantes ainsi que sur le schéma décoratif de l’objet. Le corpus se répartit en 44 Types et variantes. L’étude technologique du matériel a permis de mettre en évidence les différentes étapes de la chaîne opératoire à la base du façonnage des lampes à huile. Certaines questions restent néanmoins en suspens, comme celle relative au façonnage de la matrice ou celle concernant les marques incisées sur la surface externe du moule. L’étude comparative des lampes appartenant à ce corpus a mis en parallèle les ensembles matériels d’Apamée même, ainsi que de divers sites des provinces romaines d’Orient dont Antioche, Hama, Beyrouth, Beth Shean, Jerash et Bosra. Il en ressort que les comparaisons possibles sont peu nombreuses et se limitent aux villes de Syrie seconde – province dont Apamée est la capitale – et de Syrie première (Antioche). La différence numérique marquée entre la région d’Antioche (peu d’exemplaires) et celle d’Apamée-Hama (beaucoup d’objets), fait penser à une diffusion du matériel dépendant des frontières administratives et des zones d’influences des différentes villes.