Résumé : En tant qu’outil traditionnel du pouvoir, il est légitime que les forces armées fassent l’objet d’attention de la part notamment de représentants politiques, de journalistes, de membres d’organisations non gouvernementales et, bien entendu, de chercheurs. Très régulièrement, cette attention porte sur le déroulement et les résultats des opérations ou sur le choix du matériel militaire. Mais, la légitimité des doctrines militaires sous-jacente aux actions peut aussi être mise en question. Bien qu’elle provoque rarement le déplacement de foules contestatrices, cette dernière forme d’investigation est essentielle car elle interroge l’essence même des pratiques militaires. La doctrine militaire codifiant la raison d’être de l’institution, son analyse paraît incontournable. C’est à ce travail, auquel à déjà contribué à plusieurs occasions la revue Cultures et Conflits, que l’article qui suit désire participer. Son objectif est d’apporter une perspective complémentaire à l’article de Christian Olsson, publié dans la même revue, sur la contre insurrection. Il s’agira ici non pas d’étudier la production d’un savoir militaire mais la façon dont il peut être remis en question. Pour être plus précis, nous désirons interpréter l’accusation de plagiat formulée par l’anthropologue David Price à l’encontre des experts civils et militaires qui ont rédigé l’actuel manuel conjoint de l’Armée de terre et du Corps des Marines pour la lutte contre l’insurrection. L’absence de références constitue un élément central dans le développement d’un scandale, aux proportions limitées il est vrai, sur internet. L’article consiste à exposer la construction d’une contestation civile et non technicienne dans le champ de la politique internationale et de sécurité et à s’interroger sur les conséquences de l’affaire.