Résumé : Les récifs coralliens dépendent de la lumière du soleil et prospèrent dans une grande variétéd’habitats lumineux, allant des eaux de surface aux profondeurs mésophotiques. Si la plupart descoraux ne tolèrent qu’une faible gamme de lumières, avec des préférences de profondeurrelativement étroites, certaines sont présentes dans une grande variété d’habitats lumineux. Cesdifférences d’habitats entraînent généralement des variations phénotypiques, intra- etinter-spécifiques. Cependant, la part relative de la plasticité phénotypique et de la variationgénotypique dans ces variations phénotypiques restent incertaines. De plus, des lacunes persistentdans notre compréhension des fonctions biologiques impliquées dans la réponse à la lumière.Par ailleurs, le blanchissement des coraux devient plus fréquent et plus grave en raison del’accélération du changement climatique. Cette rupture de la symbiose corail-Symbiodinium estprincipalement due à une augmentation de la lumière et de la température au-delà des seuils detolérance, ce qui entraîne une dégradation des récifs grande échelle. Des observations montrent quele blanchissement diminue avec la baisse de l’intensité lumineuse, suggèrant que différentesintensités lumineuses lors d’un stress thermique modifient les résultats du blanchissement. Il estdonc primordial d’élucider la relation entre acclimatation à la lumière et réponse au stress.L’objectif général de cette thèse était d’explorer les causes et les conséquences écologiques desvariations phénotypiques induites par la lumière chez les coraux, en prenant comme modèle l’espèceMontipora capitata, généraliste en profondeur. Pour ce faire, j’ai fragmenté neuf M. capitata en sixfragments chacun, exposé une moitié des fragments à la lumière ambiante et l’autre moitié sous73% de lumière en moins, et les ai laissé grandir pendant deux ans. J’ai d’abord utilisé uneapproche basée sur les traits et le séquençage du gène marqueur ITS2 au Chapitre II, afin de testersi l’intensité lumineuse induit une plasticité phénotypique et des modifications de la structure descommunautés symbiotiques. J’ai ensuite utilisé au Chapitre III de la data-independent acquisition(DIA) proteomics pour identifier des protéines significativement plus abondantes et des fonctionsbiologiques enrichies dans les deux conditions lumineuses. J’ai également testé au Chapitre IV sil’acclimatation à différentes intensités lumineuses modifiait la tolérance à la chaleur et à la lumière,à l’aide du système CBASS (Coral Bleaching Automated Stress System) récemment développé.Enfin, j’ai présenté les résultats obtenus et proposé des perspectives de recherche future au ChapitreV.Les résultats de cette thèse montrent que la plasticité morphologique à l’échelle de la colonie estun aspect clé de la réponse de M. capitata à la lumière, et que les fragments acclimatés à une forteet à une faible luminosité, issus des mêmes génotypes, présentaient différents ensembles de protéinessignificativement plus abondantes. De plus, j’ai montré que l’acclimatation des coraux à une faibleintensité lumineuse ne diminuait pas leur résistance à la chaleur, mais diminuait leur résistance àla lumière. Cette étude approfondie contribuera à approfondir les connaissances actuelles sur laréponse des coraux aux changements environnementaux et aura des implications pratiques pour laconservation des futurs récifs coralliens.