par Ramain, Gabrielle 
Référence Sur le journalisme, 14, 1, page (76-89)
Publication Publié, 2025-07-02

Référence Sur le journalisme, 14, 1, page (76-89)
Publication Publié, 2025-07-02
Article révisé par les pairs
Résumé : | Cet article revient sur les défis éthiques, méthodologiques et émotionnels posés par la décision de mener une recherche doctorale sur un univers familier. Journaliste devenue chercheuse en journalisme, je me propose ici d’interroger les conditions de mon passage entre ces deux mondes et la construction de mon objet de recherche. Je détaille dans un premier temps mon parcours professionnel en journalisme, marqué par des logiques de genre et de classe. Je montre la manière dont ce parcours a pu constituer une ressource, mais aussi une embûche, à l’élaboration d’un objet de recherche. Ma connaissance intime et personnelle du fonctionnement des organisations médiatiques a nourri mes réflexions et contribué à faire émerger un objet de recherche original. Mais mes expériences professionnelles parfois douloureuses ont aussi teinté ma relation au terrain et aux enquêté·es. Mobilisant les épistémologies féministes, et plus particulièrement le concept de « strong objectivity » (Harding, 1995), je défends le choix d’un regard situé sur ma recherche, nourrie de mes expériences professionnelles passée, ainsi que la nécessité de visibiliser le travail émotionnel de recherche (Perrin, 2003). Dans une deuxième partie, je développe le choix d’une posture de chercheuse « trait d’union » entre deux mondes professionnels, celui du journalisme et de la recherche. Je reviens en particulier sur mon choix méthodologique de ne pas systématiquement dévoiler mon parcours professionnel auprès des répondant·es, mais plutôt d’avancer « à couvert ». Je me penche sur la manière dont j’ai dû négocier, au fil de mon terrain, cette nouvelle identité faites d’appartenances multiples, et les difficultés qui ont émergé au fil de ma recherche doctorale entre ma posture d’assistante à l’université et mes contacts avec des professionnel·les des ressources humaines travaillant dans les médias en Belgique francophone. |