Résumé : This thesis explores how motorbikes have reshaped Ho Chi Minh City, creating a distinctive mode of city-making that challenges conventional planning. Drawing on ethnographic analysis, it shows that motorbikes are not just transport but instruments of territorial negotiation, enabling residents to claim, adapt, and reconfigure public space through embodied movement. The study introduces “motorbike urbanism”: a spatial order where fixed Western street hierarchies give way to fluid, continuously negotiated territories. Urban space emerges through tactical positioning and collective choreography, blurring boundaries between formal and informal, planned and spontaneous development. Motorbikes also function as hybrid spaces that collapse public and private life. Vendors convert them into mobile shops, while couples use them as intimate technologies affording closeness otherwise restricted. Amid traffic’s din, they become sanctuaries for private conversation—from personal to political—shielded by an acoustic veil of noise. This paradoxical privacy explains why many riders associate motorbikes with comfort and stress relief, finding refuge within congestion. What appears chaotic is reframed as urban intelligence: a self-organising system that prioritises accessibility, adaptability, and democratic participation over bureaucratic control. Everyday riding becomes an act of spatial citizenship, with social relations enacted through movement. This urbanism traces back to Doi Moi reforms, when economic liberalisation outpaced infrastructure investment. Motorbike practices emerged as grassroots solutions to mobility crises, reflecting creative adaptation to the contradictions of capitalist growth under socialist governance. By foregrounding these dynamics, the thesis contributes to decolonizing urban theory, demonstrating how Global South cities generate innovative spatial logics outside Western frameworks. Ho Chi Minh City’s experience offers alternative models of urban governance that privilege negotiation over rigid regulation.
Cette thèse analyse la manière dont les motos ont reconfiguré l’espace urbain de Hô Chi Minh-Ville, produisant une forme singulière de fabrique urbaine qui remet en cause les paradigmes de l’aménagement classique. S’appuyant sur une enquête ethnographique, elle montre que les motos ne sont pas seulement des moyens de transport, mais des instruments de négociation territoriale qui permettent aux habitants de s’approprier, d’adapter et de reconfigurer l’espace public par le mouvement incarné. L’étude introduit le concept d’« urbanisme de la moto » : un ordre spatial où les hiérarchies fixes inspirées des modèles occidentaux cèdent la place à des territoires fluides et continuellement négociés. L’espace urbain se construit par le positionnement tactique et la chorégraphie collective, brouillant les frontières entre formel et informel, planifié et spontané.Les motos fonctionnent aussi comme des espaces hybrides où se dissolvent les distinctions entre sphère publique et sphère privée. Les vendeurs les transforment en échoppes mobiles, tandis que les couples s’en servent comme technologies d’intimité. Dans le vacarme de la circulation, elles deviennent des sanctuaires pour les conversations privées—qu'elles soient personnelles ou politiques—protégés par un voile acoustique. Cette intimité paradoxale explique pourquoi nombre de jeunes associent la moto au réconfort et au soulagement du stress, trouvant dans l’agitation même de la rue un refuge pour l’expression privée. Ce qui semble chaotique se révèle être une intelligence urbaine : un système auto-organisé qui privilégie accessibilité, souplesse et participation démocratique plutôt que contrôle bureaucratique. Conduire devient ainsi un acte de citoyenneté spatiale où les relations sociales s’actualisent par le mouvement. Cet urbanisme s’ancre dans les réformes du Doi Moi, lorsque la libéralisation économique a devancé l’investissement infrastructurel. Les pratiques de la moto constituent des solutions locales aux crises de mobilité, témoignant d’une adaptation créative aux contradictions d’une croissance capitaliste sous gouvernance socialiste. En mettant en lumière ces dynamiques, la thèse contribue à décoloniser la théorie urbaine, en montrant comment les villes du Sud global inventent des logiques spatiales innovantes hors du cadre occidental. L’expérience de Hô Chi Minh-Ville propose ainsi des modèles alternatifs de gouvernance urbaine fondés sur la négociation plutôt que la régulation rigide.