Travail de recherche/Working paper
Résumé : L’informalité caractérise l’urbanisation dans les pays du sud (Elorduy et al., 2024). Différentes approches d’économistes nous expliquent l’économie informelle depuis 1971 et les données statistiques globales et notamment dans les pays du sud, comme l’Inde nous permettent de constater son ampleur. (Chen, 2012; ILO, 2013, 2018; Srija & Shirke, 2014). L’ONU estime que le secteur informel génère 2/3 des emplois globalement (Martin, 2018).En Inde et à Mumbai les travailleurs informels représentent respectivement 82% et 68% des emplois non-agricoles. L’économie informelle représente 42% de la Gross Valeur Ajoutée de l’Inde (ILO, 2018). De toute évidence, l’informalité est une opportunité et un moyen et non un obstacle pour « l’urbanisation ». En Inde, c’est le meilleur pari pour lutter contre la pauvreté urbaine croissante (Datt et al., 2020).En dépit de cela l’informalité échappe aux règlements d’urbanisme et aux outils dont il s’équipe. Cette omission est historique et implicite au fondement conceptuel de l’urbanisme conventionnel et il en est de même dans l’enseignement. Depuis la définition du terme « informal economy » en 1973 (Hart, 1973) il existe de nombreuses études et récits d’experts sur l’économie informelle (Chen, 2012; ILO, 2013, 2018; Kanbur, 2009; Portes et al., 1989; Sethuraman, 1976; Soto, 1989) et les implantions informelles (slums) (Davis, 2017; Dovey, 2012; Huchzermeyer & Karam, 2006; Neuwirth, 2016; Roy & AlSayyad, 2004) et l'informalité urbaine en général (Castells, 1983; Mehrotra, 2008; Sassen, 2013; Sennett, 2013; Zerah et al., 2011). Cependant, ils ne réussissent pas à informer d’une manière significative les politiques urbaines (Muller, 2021; Rafieian & Kianfar, 2023; Shatkin, 2004). Les activités informelles dans l’espace urbain et les complexités de l'informalité restent sous-étudiées et sous-théorisées (Dovey, 2012) et sous enseignées à l'échelle micro-spatiale. Cette omission reflète un décalage systémique entre les réalités urbaines / sociales et les pratiques institutionnelles ou scientifiques tel l’urbanisme et l’enseignement. (Haraway, 1988; Lefebvre et al., 2009)De nouveaux outils d’urbanisme sont nécessaire et c’est dans l’enseignement que se situe le point de départ de ce renouveau. Il s’agit de sensibiliser les futures architectes et urbanistes aux réalités urbaines et à l’urbanisme des subalternes (Zerah et al., 2011). Cette recherche s’appuie sur le parcours professionnel et pédagogiques de l’auteur à Mumbai pour remédier ce décalage. Elle a pour objective de définir une pédagogie critique pour un urbanisme situé dans les réalités. Il s’agit de de nouveaux champs d’actions. Il s’agit de reconnaitre l’importance des activités informel, comprendre l’informalité comme un condition urbaine et d’en définir l’identité spatial et de concevoir un outillage pour sa représentation. Ces compétences sont nécessaire pour ouvrir le champs d’action de la réflexion et la pratique de l’urbanisme au-delà de la promotion immobilière.