Résumé : Avec l’urbanisme transitoire, ou l’occupation temporaire d’espaces vacants pour expérimenter de nouveaux usages, les autorités locales disposent d’un outil d’aménagement du territoire censé répondre à de multiples défis sociaux, économiques, environnementaux et démocratiques. Depuis quelques années cependant, la désirabilité des projets d’urbanisme transitoire est remise en question, les critiques pointant entre autres leur contribution à des dynamiques de gentrification. Cet article propose d’analyser l’urbanisme transitoire en quartier populaire au prisme des appropriations de l’espace, à partir de l’analyse de deux projets, le TLM à Paris et Wild im West à Vienne. Il construit d’abord une opérationnalisation de la notion multidimensionnelle d’appropriation de l’espace (matérielle, cognitive, affective, symbolique et politique) pour en faire un réel outil d’analyse des rapports inégaux des individus ou des groupes à l’espace. Cette approche permet de souligner que les classes moyennes et supérieures ont un avantage initial pour s’approprier les projets d’urbanisme transitoire par rapport aux classes populaires du quartier. Par l’interaction des différentes formes d’appropriation, ces dynamiques excluantes sont renforcées ou limitées.