par Lecocq, Dan
Référence Philosophies et sciences infirmières : contributions essentielles à l’avancement de la discipline, Les Presses de l’Université Laval, Québec, Canada, Ed. 1, page (345-364)
Publication Publié, 2024-05-01
Partie d'ouvrage collectif
Résumé : Docteure en sciences de l’éducation, Maela Paul est aujourd’hui une figure internationalement reconnue pour ses travaux à propos de l’accompagnement. Durant plus de vingt ans, elle a réfléchi à ce qu’accompagner veut dire. Paul considère que l’action d’accompagner se déploie simultanément dans trois dimensions : relationnelle, spatiale et temporelle. L’auteure propose dès lors de définir l’accompagnement, de façon générale, comme le fait de « se joindre à quelqu’un pour aller où il va en même temps que lui et à son rythme » (Paul, 2020, p. 7). Cependant, définir ces dimensions ne suffit pas à caractériser ce que peut signifier « agir » dans un dispositif d’accompagnement. C’est pourquoi Paul nous propose un ensemble de repères à ce sujet. Ainsi, Paul conçoit l’accompagnement comme un processus d’humanisation pour peu qu’il soit émancipateur (Paul, 2020), ce qui exige de se fixer des repères éthiques. Notamment, Paul postule que la personne accompagnée est capable de donner un sens à ce qu’elle vit, de dire où elle se situe, qui elle est et vers où elle souhaite aller. Paul énumère aussi sept valeurs à ne pas perdre de vue pour l’accompagnant : le respect de l’être humain considéré comme une personne et non un objet (1) ; la reconnaissance de la personne comme être unique (2) ; l’authenticité (3) ; la réciprocité (4) ; la créativité (5) ; l’acceptation de l’autre dans sa différence (6) et la responsabilité, entendue comme « la capacité à se situer en réponse à autrui » (7). L’auteure souligne l’importance de toujours considérer que l’accompagnement s’inscrit dans un contexte socio-politique. Elle met en lumière les tensions qui existent sur ce plan. Paul (2009a) est en effet critique par rapport à la logique ambiante d’individualisation, d’autoréalisation et de responsabilisation dans laquelle baigne l’accompagnement aujourd’hui, selon elle. Paul (2009b) souligne encore qu’on parle souvent de « dispositif d’accompagnement », ce qui n’est pas banal quand on sait que tout dispositif va de pair avec l’exercice d’une forme de pouvoir. Paul parle très tôt de l’accompagnement comme d’une « nébuleuse » dans la mesure (Paul, 2003a) où l’accompagnement peut revêtir des formes variées qui font intervenir trois groupes de pratiques complémentaires : conduire, guider et escorter (2003a). Selon Paul, l’accompagnement est tout-à-la fois affaire de fonction, de posture, de relation et de démarche, qui peuvent permettre à la personne accompagnée de « s’entendre dire » la situation qu’elle vit et de choisir ce qui est préférable pour elle (Paul, 2020), dans le cadre d’un processus en quatre temps, où l’accompagnant travaille sur des modes variables : assistance, facilitation, expertise. Paul va ainsi, à travers ses écrits, borner le champ de l’accompagnement en conceptualisant un ensemble de continuums interreliés qui traversent les pratiques d’accompagnement et qui permettent de le caractériser (Paul, 2020). Paul souligne encore qu’aujourd’hui l’accompagnement peut aussi se concevoir collectivement, ce qui soulève d’autres réflexions. Par ses travaux, l’auteure nous aide à concevoir « ce qu’accompagner peut être » et nous invite à réfléchir à nos pratiques dans notre contexte.