par Attout, Antoine
Président du jury Gosselain, Olivier
Promoteur Tsingarida, Athena
Publication Non publié, 2024-12-16
Président du jury Gosselain, Olivier
Promoteur Tsingarida, Athena
Publication Non publié, 2024-12-16
Thèse de doctorat
Résumé : | Cette thèse de doctorat analyse le développement, sur les productions céramiques attiques à figures noires (VIᵉ siècle av. J.-C.), d’éléments décoratifs ou morphologiques inspirés des traditions céramiques de la Grèce de l’Est, en particulier de l’Ionie.Ce travail est nécessaire car, bien que ce phénomène ait été discuté depuis longtemps, il n’a presque jamais fait l’objet d’un examen méthodique et approfondi (à l’exception du petit ouvrage de D. A. Jackson, publié il y a cinquante ans). Par ailleurs, les progrès considérables réalisés ces dernières décennies dans l’étude des céramiques grecques archaïques fournissent de nouvelles données pour mieux identifier ce phénomène et explorer d’autres pistes explicatives.Pour répondre à ce double objectif, nous avons structuré notre démarche en deux étapes.Tout d’abord, grâce à des analyses comparatives entre les productions céramiques attiques et celles de la Grèce de l’Est, nous avons dressé un bilan actualisé et plus complet des différents éléments inspirés par les traditions de la Grèce de l’Est qui ont été intégrés aux productions attiques à figures noires. Ce travail minutieux nous a permis de constituer un corpus de vases attiques ayant incorporé ces éléments, mais aussi d’évaluer la complexité du phénomène. En effet, les influences peuvent se manifester de manière très variée, d’un vase à l’autre, et apparaître de façon plus ou moins discrète.Ensuite, dans un second temps, nous avons cherché à comprendre pourquoi les ateliers attiques ont adopté ces éléments issus des traditions céramiques de la Grèce de l’Est. Il est plausible que des artisans venus de cette région se soient installés en Attique, introduisant ainsi de nouvelles techniques et éléments stylistiques à Athènes. Cette hypothèse, bien que parfois évoquée, reste difficile à démontrer formellement. C’est peut-être le cas, par exemple, du Peintre d’Athènes 533, dont les vases présentent des détails morphologiques à la fois très discrets et inhabituels en Attique.Nous nous sommes également interrogés sur la possibilité que les artisans attiques se soient simplement inspirés des vases importés de la Grèce de l’Est, présents à Athènes. Bien que cette hypothèse soit difficile à vérifier, nous estimons, sur la base des données archéologiques actuelles, qu’il convient de ne pas surévaluer cette possibilité.En revanche, l’analyse des schémas de distribution des vases rassemblés dans le corpus met en lumière le rôle crucial des clients et des intermédiaires commerciaux. Les caractéristiques des vases varient significativement en fonction des régions où ils sont retrouvés, notamment en Attique, en Ionie, à Naucratis ou en Étrurie. Dans plusieurs cas, nous avons démontré que les ateliers attiques adaptaient leurs productions aux goûts et aux spécificités des différentes clientèles régionales. Les intermédiaires commerciaux jouaient probablement un rôle clé, facilitant la compréhension des attentes particulières de ces clients et orientant les ateliers en conséquence. Par exemple, l’atelier d’Amasis, particulièrement impliqué dans le phénomène étudié, semble avoir collaboré étroitement avec des réseaux d’intermédiaires commerciaux ioniens.En définitive, cette thèse reprend le vieux dossier des inspirations ioniennes présentes sur la céramique attique, tout en adoptant une approche à la fois plus large et plus approfondie. Nos travaux ont clairement illustré la complexité de ce phénomène qui s’explique très probablement par une combinaison de facteurs différents. A notre tour, nous avons en particulier souligné le rôle déterminant des clients et des intermédiaires commerciaux, dont les attentes stimulent les interactions artisanales et l’émulation entre les différentes régions du monde grec. |