Article révisé par les pairs
Résumé : | Théorisé par Aristote, le genre épidictique identifie plusieurs fonctions essentielles dont aucun régime démocratique ne peut faire l’économie : intensifier l’adhésion aux valeurs partagées, consoler, recréer de la confiance et du sens commun pour face aux situations de crises. Cet article défend la nécessité de s’emparer à nouveau de ces fonctions et de les enseigner à travers des exercices de rhétorique. Nous détaillerons la mise en œuvre et les objectifs principaux de ces exercices : se familiariser avec l’amplification et les effets d’évidence (enargeia) que produisent les figures de style, acquérir un regard technique sur les trois moyens de persuasion (ethos-pathos-logos), enfin, développer l’empathie et la conscience morale en exerçant l’individu à reconnaitre le raisonnable dans le point de vue de l’Autre. Partant d’une démarche d’actualisation des « exercices préparatoires » des Anciens (progymnasmata), nous présenterons un modèle original basé sur l’éloge et le blâme, qui emprunte à l’éthopée (discours où l’orateur s’exprime à la première personne à la place d’un personnage historique ou fictionnel) et au dissoi logoï (discours où l’orateur est invité à prendre successivement un point de vue puis son opposé). Ce modèle, potentiellement transposable à toutes les fictions qui comportent des personnages antagonistes, sera illustré par un exercice expérimenté sur des adultes et des étudiants à partir d’une fiction issue de la culture populaire : les X-Men. |