Thèse de doctorat
Résumé : Cette thèse se propose comme un traité comparatif de la présence de l'Autre chez trois éminents auteurs : Naïm Kattan, Samir Naqqash et Tsionit Fattal. Ces trois écrivains, tous d'origine juive irakienne, forment le point d'ancrage de cette étude. Naïm Kattan et Samir Naqqash, exilés en 1951, ont mené des vies distinctes : Kattan s'est installé à Paris puis au Québec, tandis que Naqqash a alterné entre Israël et Londres.Kattan a composé plusieurs œuvres, parmi lesquelles une trilogie, dont cette thèse aborde la première partie, intitulée Adieu, Babylone. Les fruits arrachés et La fiancée promise complètent cette trilogie. Quant à Naqqash, il a également écrit des romans, mais la thèse se concentre sur deux d'entre eux, à savoir Les locataires et la toile d'araignée, qui incarne et reflète les épreuves endurées par les juifs en Irak, ainsi que Shlomo le Kurde, qui évoque l'image des juifs kurdes. Fattal, née en Israël, n'a pas personnellement vécu l'exode, mais ses parents ont été exilés, tout comme Kattan et Naqqash. Dans son roman Les photos sur le mur, elle relate l'expérience de ses ancêtres ou de ses parents, abordant ainsi la nostalgie de l'Autre. Chaque auteur aborde cette nostalgie d'une manière singulière, bien que tous puissent ressentir un sentiment similaire envers leur patrie lointaine.Selon Kattan, la nostalgie revêt un double visage. D'une part, elle évoque la mémoire d'un passé enchanté, même s'il est en partie imaginaire, soulageant ainsi un présent rétréci tout en rappelant inexorablement l'écoulement du temps. D'autre part, un passé empreint de douleur peut également jouer un rôle similaire. La souffrance n'est pas effacée de la mémoire, mais elle cesse de causer de la peine. Au contraire, elle contribue à évoquer un présent empreint d'agrément. Ainsi, on quitte le temps du malheur, et se remémorer ce passé douloureux devient une expression de gratitude pour les moments heureux qui ont suivi. Même si le bonheur n'est pas omniprésent, on ressent un soulagement à avoir surmonté la crise . La langue joue un rôle fondamental dans l'expression des sentiments et leur transcription écrite. Il convient de souligner que les quatre œuvres qui composent cette thèse ont été rédigées dans trois langues différentes, à savoir l'arabe, le français et l'hébreu.Cette thèse s'efforce de trouver la définition la plus juste de la conception de l'Autre ou de l'Autrui, en survolant l'histoire des auteurs et de leurs communautés respectives. Pour appréhender la différence de perception de l'exil entre ces âmes, il est essentiel d'étudier individuellement chacun de ces auteurs, afin de comprendre leur vécu. L'analyse comparative sera établie à partir des présentations préparées.
This thesis proposes a comparative treatise on the presence of the Other in the works of three eminent authors: Naïm Kattan, Samir Naqqash, and Tsionit Fattal. These three writers, all of Iraqi Jewish origin, form the anchor point of this study. Naïm Kattan and Samir Naqqash, exiled in 1951, led distinct lives: Kattan settled in Paris and then in Quebec, while Naqqash alternated between Israel and London.Kattan composed several works, including a trilogy, the first part of which, titled "Adieu, Babylone," is discussed in this thesis. "Les fruits arrachés" and "La fiancée promise" complete this trilogy. As for Naqqash, he also wrote novels, but the thesis focuses on two of them, namely "Les locataires et la toile d'araignée," which embodies and reflects the trials endured by Jews in Iraq, and "Shlomo le Kurde," which evokes the image of Kurdish Jews. Fattal, born in Israel, did not personally experience the exodus, but her parents were exiled, just like Kattan and Naqqash. In her novel "Les photos sur le mur," she recounts the experiences of her ancestors or her parents, thus addressing the nostalgia for the Other. Each author approaches this nostalgia in a unique way, although they all may feel a similar sentiment towards their distant homeland.According to Kattan, nostalgia has a double face. On one hand, it evokes the memory of an enchanted past, even if it is partly imaginary, alleviating a diminished present while inexorably reminding of the passage of time. On the other hand, a past marked by pain can also play a similar role. The suffering is not erased from memory, but it ceases to cause pain. On the contrary, it helps evoke a present filled with contentment. Thus, one leaves the time of misery, and recalling this painful past becomes an expression of gratitude for the happy moments that followed. Even if happiness is not omnipresent, there is relief in having overcome the crisis.Language plays a fundamental role in the expression of feelings and their written transcription. It is worth noting that the four works composing this thesis were written in three different languages, namely Arabic, French, and Hebrew. This thesis strives to find the most accurate definition of the concept of the Other, by surveying the history of the authors and their respective communities.To grasp the difference in perception of exile among these souls, it is essential to study each of these authors individually to understand their experiences. The comparative analysis will be based on the prepared presentations.