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Plongée au cœur d’une profession du soin - L’expérience psychique et corporelle des psychologues engagé·es en clinique traumatique, sous le prisme du genre

par Girard, Noémie
Président du jury Vercruysse, Nathalie
Promoteur Duret, Isabelle
Publication Non publié, 2024-04-20

Thèse de doctorat

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Résumé :

Cette recherche veut donner corps et voix aux psychologues travaillant en clinique traumatique, pour tenter de comprendre leur choix de profession et leurs vécus. L’expérience corporelle et psychique des professionnel·les du trauma se situe au centre de nos questionnements, mais est explorée dans ses liens avec l’histoire infantile et familiale des thérapeutes et dans le contexte socio-politique qui est le leur. La recherche vise ainsi à offrir de la reconnaissance à un métier du care, à ouvrir la parole sur la question du corps et du genre dans ces professions et la proposition d’une conceptualisation en psychodynamique du travail. Pour ce faire, nous avons rencontré treize psychologues, travaillant avec des victimes de traumatismes à l’occasion d’entretiens semi-directifs avec l’outil métaphorique et le « carnet d’éprouver ». La méthodologie a combiné la méthode par théorisation ancrée, l’étude de cas et l’observation participante en terrain anthropologique. Les résultats s’articulent en triple niveau. A un niveau intrapsychique, nous proposons de parler de Moi-soin chez les thérapeutes : des traumatismes ayant induit l’auto-clivage narcissique et intensifié la pulsion de soin. Aussi, en termes interpersonnels, face à leurs patient·es, les psychologues sont confronté·es à des vécus oscillatoires entre envahissement et paralysie. Au cœur de cette dynamique, s’opère une « infusion traumatique » à l’insu des thérapeutes, par attaque des enveloppes. L’effet est contré par le Moi-soin qui opère la sublimation dans la destructivité. Enfin, à un niveau socio-politique, les thérapeutes se situent dans l’impossibilité de se dévoiler, du fait des normes professionnelles intériorisées. Le tabou du genre-corps en est le lieu d’expression principale, freinant l’accès au corps sujet et désirant, par crainte du sexuel dans le care. Les résultats soulignent l’importance, pour les psychologues, de repartir du corps, de reconnaître leurs propres vulnérabilités agissantes pour inventer de nouvelles normes et se mettre en mouvement.