Résumé : Le virus T-lymphotrope humain de type 1 (HTLV-1) est un rétrovirus responsable d’un cancer agressif appelé leucémie à cellules T de l'adulte (ATL), pour lequel il n'existe actuellement aucun traitement efficace. La transcription sens à partir de la Longue Répétition Terminale 5' (LTR5’) est généralement réprimée ou exprimée de manière intermittente in vivo, permettant au virus d'échapper à la surveillance immunitaire et d'induire le développement tumoral. Plusieurs modifications épigénétiques, dont la méthylation de l'ADN et des histones, contribuent à cette répression. Ici, nous avons étudié le rôle du facteur cellulaire UHRF1 connu pour mettre en place et maintenir des environnements hétérochromatiques au niveau de promoteurs transcriptionnels. Nos résultats ont démontré que UHRF1 se lie in vitro aux éléments de réponse à Tax 1 du LTR5’ du HTLV-1. De plus, UHRF1 est recruté in vivo sur le promoteur du LTR5’ dans des cellules infectées de manière latente par le HTLV-1 et des PBMCs isolés de patients ATL. Ce recrutement est associé au recrutement d'autres enzymes épigénétiques et à la présence de la marque épigénétique répressive H3K9me2. Fonctionnellement, nous avons démontré la répression de la transcription du HTLV-1 par UHRF1 en utilisant l'interférence par ARN dans deux lignées cellulaires infectées de manière latente par le HTLV-1. Mécanistiquement, UHRF1 réprime le HTLV-1 par la méthylation des histones et par une méthylation spécifique de l'ADN. De plus, les niveaux d'ARNm d'UHRF1 et de Tax présentent une corrélation inverse chez les patients ATL, soulignant ainsi la pertinence physiologique de notre étude et suggérant un rôle d'UHRF1 dans le développement de l'ATL.En conclusion, cette étude identifie UHRF1 comme un nouvel acteur cellulaire impliqué dans la répression épigénétique du rétrovirus leucémogène HTLV-1, et comme une cible moléculaire prometteuse pour de nouvelles approches thérapeutiques contre l'infection par le HTLV-1 et contre l'ATL.