Résumé : En quête d’iranité : Réalisation du documentaire Moshta (2019) et réflexions théoriques sur les particularités des formes narratives et iconographiques persanes et leur influence sur le cinéma d’auteur en Iran Cette thèse de doctorat en art et sciences de l’art, présentée par M. Talheh Daryanavard, est composée de deux volets : • Le volet artistique, qui consiste en la réalisation d’un documentaire de création intitulé Moshta (le piège) réalisé en 2019. • Le volet discursif, qui aborde une série de réflexions théoriques sur les spécificités de la culture iranienne et leur influence sur l’esthétique cinématographique à travers, notamment, l’analyse des cinéastes pionniers du cinéma d’auteur en Iran. Lors de l’écriture et de la réalisation du documentaire Moshta (2019), Talheh Daryanavard a souvent été confronté aux questions inévitables des liens du sujet et de l’esthétique de son film avec la société et la culture iranienne et avec ce qu’on appelle communément le « cinéma iranien ». Cette thèse, dont la partie discursive est structurée en cahiers, à la manière des œuvres littéraires persanes classiques, fut pour lui l’occasion d’approfondir théoriquement la question de l’iranité et son rapport avec le cinéma d’auteur. Dans le premier cahier, l’auteur s’est plongé dans son parcours personnel, l’éducation qu’il a reçue enfant et la manière dont celle-ci a forgé son rapport à l’écriture – ce qui a modelé sa manière d’écrire et de réaliser ses films. Il a ensuite exploré la manière dont l’identité culturelle iranienne est construite : d’une part, le syncrétisme entre la littérature épique et les récits religieux chiites et, d’autre part, la question de la modernité qui s’y est greffée par la suite pour construire le troisième pilier de l’identité culturelle à laquelle se réfèrent les Iraniens. Cette partie aborde également le rapport qu’instaurent notamment la littérature et la poésie, mais aussi la miniature persane, à la narration et au réel. Il revient enfin sur la dimension mystique, entre autres au travers de la notion de monde imaginal, qui fait l’objet de nombreux travaux d’Henri Corbin. Souvent basée sur de récits plus que sur des réalités historiques, « l’iranité » est présente et perceptible dans les expressions artistiques et contribue largement à la perception de l’Iran à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Les deux cahiers suivants se penchent en particulier sur neuf fims iraniens, essentiellement des années 70, de cinéastes considérés comme pionniers du cinéma d’auteur en Iran. Ils ont pour point commun de questionner les modes narratifs habituels. Les réflexions de l’auteur se portent essentiellement sur les liens entre l’esthétique de ces films et la littérature épique mais aussi avec la miniature persane et la poésie, tant contemporaine que classique, et s’appuient sur les travaux de Philippe Ragel, qui expose la notion de cinéstase chez Kiarostami, mais aussi sur ceux de Youssef Ishaghpour, qui questionne le rapport au réel chez le même auteur. Dans son film Moshta, Talheh Daryanavard tente d’expérimenter certains des dispositifs narratifs identifiés dans l’analyse des œuvres d’auteurs iraniens, en utilisant principalement la digression, la parabole et la dimension symbolique.