Résumé : La Chine n’a pas été épargnée par les épidémies, mais en tant que catégorie spécifique, l’épidémie était peu présente dans ses ouvrages médicaux. Phénomène naturel provoqué par des souffles toxiques, ou punition divine, dans les deux cas inévitable, l’épidémie dépassait le cadre d’action du praticien ordinaire. Et pourtant, c’est l’obstination mise par les épidémies à sans cesse revenir qui a ébranlé les bases du savoir auquel se référaient les médecinslettrés. Quatrecrisessuscitéespardesépidémies seront analysées ici. La première, qui fit rage au XIIe siècle, contribua à consolider et diffuser le savoir médical. La seconde, la « crise de la variole », survenue au XVIIe siècle, fut combattue par les premières techniques efficaces : la quarantaine et la variolisation. Les deux dernières, des vagues de peste survenues au tournant du XXe siècle, serontl’occasiondereplacercesépidémiesdansuncontexte politique et scientifique annonciateur de la modernité.