par Wanneau, Krystel ;Fabri, Eric ;Arantes, Virginie
Référence Politiques de communication, Hors série N° 2, HS2, page (147-176)
Publication Publié, 2023-12-01
Article révisé par les pairs
Résumé : Que se passe-t-il si nous prenons au sérieux le vivant comme concept politique ? En partant de l’abandon de l’ontologie moderne fondée sur la distinction entre nature et culture, cet article explore les perspectives ouvertes par le tournant du vivant et poursuit deux objectifs : distinguer les principaux objets conceptuels et débats qui constituent le champ de la recherche sur le vivant, et distinguer l’intérêt qu’il y a à investir le vivant comme sujet et/ou objet politique pour la pensée critique contemporaine. Pour faire du vivant un objet politique, nous partons du constat que ce dernier impose la reconnaissance d’une réalité hybride, où l’agentivité qui caractérise une multitude d’êtres leur permet de faire territoire sur un lieu où émerge une vie sociale interespèces organisant cet espace. Nous abordons ces trois débats en mobilisant des travaux qui réalisent par leur parti pris pour le vivant une avancée dans l’« art d’observer » les alliances entre humains et non-humains dans des endroits parfois inattendus. Cette démarche nous permet ensuite d’appréhender ce qui vient après la nature en discutant trois modèles de relation des humains au vivant : celui de la soustraction qui prend le contre-pied de l’actuelle domination sur la nature, celui de légation où la relation avec le vivant mène l’humain à composer son action et son territoire avec d’autres vivants, et celui de la coexistence qui tient compte de l’historique moderne et entend bien éviter de reconduire une telle tragédie en s’efforçant de sanctuariser des zones pour laisser libre cours au vivant. Nous complétons cette discussion ontologique par un questionnement du rôle des sciences, notamment pour ouvrir de nouvelles médiations. Nous concluons sur les luttes émancipatrices qui agissent pour le vivant, sans la nature.