Résumé : Le travail informel est une réalité prédominante dans de nombreux pays en développement, y compris au Cameroun, où de nombreux individus sont employés dans des secteurs non réglementés et dépourvus de protections sociales adéquates. Cette thèse explore les problèmes de santé auxquels sont confrontés les travailleurs informels au Cameroun, mettant l'accent sur les facteurs de risque professionnels, les conséquences sur leur bien-être physique, ainsi que les mesures potentielles pour améliorer leur santé au travail. La recherche s'appuie sur l'idée que les travailleurs informels au Cameroun sont confrontés à des risques professionnels significatifs pour leur santé. Cette situation souligne la nécessité d'interventions ciblées pour améliorer leur bien-être. Plusieurs aspects ont été abordés, notamment l’étude du code du travail, les facteurs de risque professionnels auxquels sont exposés les travailleurs informels, les conséquences sur leur santé physique, ainsi que les mesures qui peuvent être prises pour améliorer leurs conditions de travail et leur santé.Matériel et méthodes Après avoir étudié le code du travail Camerounais en matière de sécurité santé au travail, nous avons décrit l’état de santé des travailleurs exposés à leurs différents environnements de travail dans le secteur informel au Cameroun. Dans ce cadre global, nous avons mené des études transversales auprès des menuisiers de la ville de Douala au Cameroun, travaillant dans ledit secteur, afin d’établir les impacts sur les travailleurs. Ces études ont recherché d’une part, les altérations respiratoires et d’autre part, les symptômes cliniques chez ces travailleurs, nous permettant ainsi de déterminer les risques professionnels auxquels ces travailleurs seraient soumis et les symptômes causés du fait de leurs expositions. D’autres travailleurs du secteur informel tels que les maçons et les boulangers nous ont permis d’étayer nos observations afin d’en formuler des recommandations plus appropriées. Pour ces catégories de travailleurs, nous avons proposé une étude simplifiée de leurs postes de travail afin de montrer qu’il est possible d’apporter dans une mesure, des améliorations, améliorations encore étayées par une étude interventionnelle que nous avons menée sur un groupe de menuisiers issus d’un plus grand groupe. Les méthodes statistiques applicables à chaque type d’études ont été utilisées, et certaines de ces études ont fait l’objet de publications dans des revues des paires, reprenant les différentes méthodologies spécifiques. RésultatsLes principales observations rapportées par ces études ont été les suivantes :• Un code du travail ne couvrant pas le secteur informel au Cameroun ;• Une exposition des travailleurs maraichers à des dangers pouvant leur causer des problèmes de santé et dont ils sont peu conscients ;• Des impacts de santé dus au travail lourd chez les maçons, notamment des modifications des paramètres de la fonction ventriculaire gauche du fait de leur charge de travail lourde ;• Une altération des paramètres pulmonaires, cliniques et paracliniques objectivables par des mesures au spiromètre chez les menuisiers et boulangers ;• Une amélioration estimée des risques du milieu de travail dans les trois métiers étudiés et • Des améliorations des fonctions respiratoires suite à une approche interventionnelle comme cela peut se passer dans un système formel.DiscussionLe travailleur du secteur informel est d’une importance capitale au Cameroun. Une amélioration de sa situation en matière de sécurité et santé au travail passe par une mise au point. Cette mise au point nous a montré l’intérêt de procéder par étape, commençant par la nécessité d’une inclusion des travailleurs du secteur informel dans la législation relative à la santé au travail, au même titre que ceux du secteur formel. Cela n’est pas encore le cas, à l’observation du code du travail actuel. Ainsi les expositions auxquelles font face les travailleurs telles que nous le montrons, pourraient voir un début de solution dans leur reconnaissance par le système. Des responsabilités pourraient en être dégagées permettant le cas échéant d’organiser une certaine surveillance pour mieux veiller sur leur santé, voir mener des actions d’intervention. ConclusionPremièrement, le Cameroun dispose d’un code du travail mais n’a jamais intégré les travailleurs du secteur informel. Ces travailleurs ne sont par conséquence pas reconnus formellement. Deuxièmement, une partie des travailleurs du secteur informel sont exposés à des risques de leur environnement de travail et présentent des facteurs de risque cardiovasculaires et des altérations de manière générale, dues à leurs expositions professionnelles. C’est le cas des boulanger, des menuisiers, des maraîchers dont nous avons observé respectivement des symptômes physiques respiratoires et mécaniques digestives.Troisièmement, une intervention par des moyens préventifs permet d’améliorer de façon objectivable la santé singulièrement respiratoire des travailleurs du secteur informel, notamment les menuisiers. Au regard de ces résultats, nous disons que plusieurs facteurs peuvent intervenir dans la survenue des problèmes de santé au travail dans le secteur informel, partant de la non-application des recommandations internationales aux non-respect des règles de protection de base, en passant par d’autres paramètres socio-économiques, démographiques et environnementaux éventuels. La complexité des évènements causaux potentiels n’est plus à démontrer, et cela montre la nécessité d’une approche très large, éventuellement systémique dans les tentatives de résolution de la situation de sécurité et santé au travail dans le secteur informel au Cameroun. Nous arborons ainsi une partie de la problématique générale, qui pour être totalement résolue dans son ensemble, nécessite plusieurs niveaux d’intervention et d’actions. Nous montrons notamment qu’une intervention suivie de l’application des recommandations peut permettre une certaine adhésion et une amélioration de l’état de santé de ces travailleurs.