par Van Daele, Raphael
Référence Ateliers de philosophie moderne et contemporaine (08.11.2023: Université Laval - Faculté de philosophie)
Publication Non publié, 2023-11-08
Communication à un colloque
Résumé : La question de l’existence d’une philosophie chinoise a fait couler beaucoup d’encre. L’introduction en Chine, au début du XXe siècle, de la philosophie en tant que discipline universitaire sera suivie par un effort nourri de la part des intellectuels chinois, au premier rang desquels Hu Shi 胡適 (1891-1962) et Feng Youlan 馮友蘭 (1895-1990). Cet effort visait à sélectionner, au sein de la tradition chinoise, des matériaux permettant de circonscrire un corpus philosophique proprement chinois, corpus qui serait le fil conducteur d’une « histoire de la philosophie chinoise ». Cette histoire devait faire pendant à l’histoire occidentale de la philosophie et, ce faisant, établir l’existence d’une philosophie chinoise. Hu Shi, par exemple, soutient que « en général, une discipline qui étudie les questions les plus importantes relatives à la vie humaine, une réflexion fondamentale qui cherche une réponse fondamentale à ces questions : cela s’appelle philosophie ». Si les récits construits par Hu Shi, Feng Youlan, et d’autres après eux, posent question, la conviction selon laquelle la tradition chinoise possède une philosophie est désormais majoritairement acceptée, tant dans le monde sinophone que dans les milieux universitaires occidentaux (particulièrement anglo-saxons). La tradition chinoise ne manque certes pas de réflexions philosophiquement profondes. Toutefois, le fait que ces réflexions aient pu être conçues, avant l’époque moderne, comme relevant d’une discipline n’a rien d’assuré. Le présent exposé a pour but de soulever cette question : plutôt que de nous interroger sur la possible existence d’un philosophie chinoise à partir de la mise en évidence de la portée philosophique des textes chinois anciens, nous voudrions réorienter le débat et mettre l’accent sur ce qui, dans ces textes, témoigne ou non d’un souci de constituer un discours spécifique, conscient de lui-même et nommé. Pour ce faire, nous prendrons comme base de nos réflexions certains passages d’un texte « philosophique » majeur de l’Antiquité chinoise : le Zhuangzi 莊子.