par Van Daele, Raphael
Référence Provincialiser la philosophie: regards croisés (05-07.10.2023: Université Laval - Faculté de philosophie)
Publication Non publié, 2023-10-07
Communication à un colloque
Résumé : Il apparaît aujourd’hui légitime d’attendre de la philosophie qu’elle ouvre son activité et adapte ses perspectives, afin d’inclure parmi ses objets de recherche des idées, des textes et des pratiques d’origine non-occidentale. Dans ce contexte, la Chine, avec sa tradition intellectuelle longue, riche, complexe et profonde, se présente comme un terrain particulièrement propice. Le philosophe trouvera là une pensée qui, jusqu’à une date relativement récente, « s’est développée indépendamment de l’occidentale, sur fond radical, culturel et linguistique radicalement différent », pour reprendre les mots par lesquels Jean-Paul Reding préfaçait son étude comparée des sophistiques grecque et chinoise. Or, s’il est désormais réducteur (et risqué) de considérer la philosophie comme une activité strictement occidentale – de ne pas la penser autrement que comme « une affaire occidentale », écrit Carine Defoort – il n’est pas pour autant évident qu’il faille qualifier sans autres nuances certains textes chinois anciens de « philosophiques », et ranger des figures telles que Confucius, Laozi, Zhuangzi, Mengzi, ou Mozi parmi les « philosophes ». Les pratiques chinoises de la pensée et du discours apparaissent en effet fort différentes de celles qui se sont structurées sous le nom de philosophia. La présente communication entend rappeler certaines spécificités de la pensée chinoise ancienne. Ce faisant, nous espérons souligner les difficultés inhérentes à la circonscription d’une pratique chinoise de la pensée et du discours qui puisse être tenue pour l’équivalent stricte de la philosophie. Notre question ne sera pas tant celle de l’existence d’une philosophie chinoise ; nous chercherons plutôt à cerner dans quelle mesure l’appellation « philosophie » permet de saisir les caractéristiques de la pensée chinoise ancienne.