Article révisé par les pairs
Résumé : | Le « droit des minorités » est une expression fréquemment utilisée dans les relations internationales par les Etats, en particulier européens. Il en a notamment été ainsi lors du processus de démantèlement de la Yougoslavie. A première vue, on ne peut que promouvoir cette notion qui semble offrir certaines garanties à des groupes vulnérables vivant au sein d’un Etat. La notion présente cependant de très sérieuses ambiguïtés, en particulier lorsqu’on qualifie de « minorité » un groupe qui ne souhaite pas être considéré comme telle, ce qui a par exemple été le cas des Serbes de Croatie. Dans ce texte, j’insiste sur le fait que l’utilisation de ce terme repose sur une conception très particulière du droit, de l’Etat et de la démocratie, des notions qui impliquent une délimitation territoriale, à l’intérieur de laquelle on désignera la « majorité » comme la « minorité ». Or, cette délimitation territoriale peut elle-même faire l’objet de controverses, et même de conflits armés. Dans cette perspective, l’insistance sur le « droit des minorités», loin de se révéler neutre ou naturellement bénéfique, peut en réalité s’avérer hautement problématique. Elle révèle en tout cas un choix politique que la référence au droit ne peut éluder. |