par Delpu, Pierre-Marie
Référence Annales historiques de la révolution française, 384, page (131-156)
Publication Publié, 2016-06-01
Article révisé par les pairs
Résumé : L'article cherche à mettre en lumière les répercussions politiques et sociales de la campagne de Russie sur le royaume de Naples pendant les trois dernières années du decennio francese. Cet État vassal de l'Empire français, qui y a contribué militairement et financièrement, a subi les effets de l'absence de son roi parti combattre, perçue comme une vacance de pouvoir laissant le champ libre au déploiement de contestations politiques spécifiques, en particulier dans les provinces les plus éloignées de la capitale. Le cas des Calabres, à la fois le mieux documenté et le lieu d'une des révoltes les plus significatives contre le pouvoir muratien en 1813, fera l'objet d'une attention particulière. Les dynamiques de politisation alors à l'œuvre dans le royaume sont symptomatiques d'une crise politique qu'on envisagera, à la suite de travaux récents d'histoire politique et de sciences sociales, comme l'effet de logiques d'acteurs complexes, relevant de plusieurs niveaux d'échelles. Les circulations européennes occasionnées par l'expérience impériale en témoignent, de même que le glissement partiel des projets patriotiques vers l'indépendance italienne, conçue comme un dérivatif à la crise d'autorité que traverse le royaume.
This article examines the political and social repercussions of the Russian campaign in the Kingdom of Naples during the three last years of the decennio francese. Contributing financially and militarily, this vassal state in the French Empire suffered the consequences of having an absent king who had left for war. Such an absence was regarded as a power vacuum, thereby opening the door for the development of political rivalries, particularly in the provinces farthest removed from the capital. The highly-documented case of Calabria, the site of one of the most important revolts against Muratian power in 1813, deserves special consideration. The dynamics of politicization then at work in the kingdom, the result of complex personalities on several levels, were symptomatic of a political crisis that will be analyzed in this article in light of recent political histories and work in the social sciences. The European circulation caused by the imperial experience illustrated this phenomenon, as did the partial development of patriotic plans for Italian independence, part of the crisis of authority throughout the kingdom.