Résumé : (FR) La collection de crânes humains hébergée dans l'ostéothèque du Laboratoire d'Anthropologie et de Génétique humaine, située au sein de la Faculté des Sciences de l'Université libre de Bruxelles (ULB) est dépourvue de contexte historique sur sa création. Parmi les vestiges humains composant cette collection, certains sont accompagnés d'informations telles que des étiquettes de socle illisibles ou des annotations sur les crânes, indiquant des provenances belges ou extra-européennes, et spécifiquement le Congo. Cette situation soulève la problématique de comprendre comment et pourquoi ces restes humains rassemblés au moment de l’époque coloniale belge se retrouvent aujourd'hui à l'université, ainsi que leur devenir. Ce travail établit un inventaire précis de l'ostéothèque de l'ULB et replace sa création dans son contexte d'origine. En parallèle du recensement, l’environnement scientifique et historique dans lesquels s'inscrivent les collections de la Société d'Anthropologie de Bruxelles sont abordés. Au total, 261 crânes humains ont été inventoriés au sein de l'ostéothèque. Dans le but d'affiner leur identification, une sélection arbitraire de 14 spécimens a fait l'objet d'une analyse bioanthropologique approfondie. Cette étude a permis de réaliser une diagnose sexuelle, une estimation de l'âge au moment du décès, ainsi qu'une détermination de l'origine géographique en se basant sur l'appartenance de l'individu à des groupes biogéographiques spécifiques. Les méthodes sélectionnées sont traditionnellement employées en bioanthropologie. À cela a été ajoutée une approche médico-légale grâce à la consultation d'experts. Les résultats soulignent la nécessité d'affiner les méthodes d'identi-fication de l'origine biogéographique en recourant à des analyses isotopiques ou génétiques. Cette étude vise à générer une base de données factuelle, sur laquelle pourront s'appuyer des réflexions futures concernant l'éthique de la conservation des restes humains extra-européens, ainsi que la question du rapatriement de ces individus dans leur pays d'origine ou au sein de leur communauté.
(EN) The collection of unidentified human skulls at ULB: contextual research and bioanthropological analysis.The collection of human skulls housed in the Laboratoire d'Anthropologie et de Génétique humaine, located within the Faculty of Sciences of the Université libre de Bruxelles (ULB), lacks any historical context regarding its creation. Some of the human remains are accompanied by information such as illegible base labels or annotations on the vaults, indicating Belgian or non-European origins, and specifically from Congo. This situation raises the question of how and why these human remains, collected during the Belgian colonial era, are now to be found at the university, and what is to become of them. This work establishes a precise inventory of the ULB collection and places its creation in its original context. Alongside the inventory, the scientific and historical context of the collections of the Société d'Anthropologie de Bruxelles was studied. A total of 261 human skulls were inventoried. In order to refine their identification, an arbitrary selection of 14 specimens was subjected to in-depth bioanthropological analysis. This study made it possible to carry out a sexual diagnosis, estimate the age at the time of death, and determine the geographical origin on the basis of the individual's membership of specific biogeographical groups. The selected methods are traditionally used in bioanthropology. A forensic approach was added by consulting experts. The results highlight the need to refine the meth-ods used to identify biogeographical origin, by providing isotopic or genetic analyses. This study has generated a factual database on which to base essential reflections on the ethics of conserving non-European human remains, as well as the question of repatriating these individuals to their country of origin or to their community.