Résumé : Résumé généralIntroductionL’Organisation Mondiale de la Santé a publié qu’il y avait, 247 millions des cas du paludisme dans le monde en 2021, dont la majorité était en Afrique subsaharienne (ASS). Malgré ce nombre de cas encore élevé, des efforts ont été faits et ont abouti à la diminution et/ ou à l’élimination du paludisme dans certains pays du monde. Au début du XXIe siècle, le nombre de cas du paludisme avait diminué, passant de 262 millions de cas en 2000, à 214 millions en 2015. Cet élan de progrès est actuellement soit en arrêt, soit en reprise d’augmentation (comme pour le Bénin, la prévalence parasitaire du paludisme était de 28% en 2012 et a augmenté à 40% en 2018). Des grandes différences en termes de prévalence du paludisme sont donc trouvées, même entre les pays voisins. Par exemple, le Rwanda qui est proche de l’élimination du paludisme est voisin de la RD Congo (RDC). Mais la RDC étant un grand pays en superficie, la province du Nord-Kivu qui est proche du Rwanda, a une prévalence de 6%. Les différences au sein d’un même pays peuvent aussi exister à cause de plusieurs raisons comme la différence des climats (climat plus sec ou climat plus humide).L’objectif de ce travail est d’analyser l’influence des facteurs socio-économiques et environnementaux dans l’augmentation des inégalités de prévalence parasitaire du paludisme entre les pays d’ASS.MéthodologieLes données d’Enquêtes Démographiques et de Santé (Demographic and Health Survey : DHS) et des enquêtes sur les indicateurs du paludisme (Malaria Indicators Surveys : MIS) réalisées à partir de l’année 2010 et lesquelles possédaient les coordonnées géographiques ainsi que les résultats des tests diagnostiques du paludisme, ont été utilisées. Les pays inclus dans les analyses sont : l’Angola, le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, la RD Congo, la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Madagascar, le Malawi, le Mali, le Mozambique, le Nigeria, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie et l’Ouganda (DHS/ MIS 2010-2019). Pour chaque pays, ont été utilisées les données d’enquêtes sur des enfants et sur des ménages. Les données de températures et de précipitations sont extraites des données de WorldClim. Les densités de population ont été extraites à partir de The Gridded Population of the World du CIESIN (Center for International Earth Science Information Network). Les informations sur les territoires en conflits ont été obtenues de ACLED (Armed Conflict Location & Event Data Project). Les données sur les espèces vectorielles du paludisme proviennent de Malaria Atlas Project. Les synthèses des Politiques de lutte contre le paludisme du Sénégal et du Burkina Faso ont été faites en utilisant une grille de critères sur le financement, le suivi entomologique, l’utilisation des moustiquaires, l’utilisation d'insecticides, la prise en charge des cas du paludisme, l’organisation du système de santé, la communication et la surveillance.L’indice de Gini a été utilisé pour évaluer l’importance des facteurs socio-économiques et environnementaux sur le paludisme. Une analyse de variance a été réalisée pour évaluer la contribution relative des facteurs socio-économiques et environnementaux à l’hétérogénéité des prévalences du paludisme. Les estimations du rapport de cote et de la contribution de la variance ont été effectuées avec le modèle linéaire généralisé. Des régressions pondérées géographiquement ont été effectuées pour évaluer les différences des relations entre les facteurs environnementaux avec la prévalence parasitaire du paludisme dans ces pays. Les erreurs de classification ont été évaluées pour examiner quel groupe (infectés ou non infectés) était mieux classé par ces facteurs. La méthode de superposition transparente de la cartographie thermique de prévalence parasitaire du paludisme avec la cartographie des vecteurs dominants, a été réalisée. Le modèle de fonction de base radiale (RBF) a permis d’estimer la capacité prédictive du paludisme liée à l’espèce vectorielle, selon les caractéristiques environnementales locales. Une régression linéaire a été réalisée pour étudier la relation entre le nombre des moustiquaires qu’un ménage possède et les facteurs socio-économiques. Le R-carré, lié à la corrélation semi-partielle, fournit une estimation de l'importance relative de chaque prédicteur dans un modèle de régression multiple. Plusieurs cartographies ont été réalisées : une cartographie des niveaux d’endémicité du paludisme en ASS, trois cartographies de la relation entre la prévalence parasitaire du paludisme avec des facteurs environnementaux et une cartographie des vecteurs dominants superposés à la cartographie thermique des prévalences du paludisme.RésultatsLa prévalence parasitaire du paludisme estimée est de 29% et celle de la fièvre est de 25% pour tous ces pays d’ASS. Les individus vivants dans des zones rurales, situées à une altitude ≤300 m, dans des zones à faible densité de population, dans des zones à grande quantité de précipitation et où l'Anophèle dominant est l’Anophèle coluzzi sont significativement plus infectés. Les prévalences les plus élevées sont observées dans les endroits où les températures moyennes se situent entre 25°c-28,5°C. Le pays de résidence est le facteur le plus important pour le paludisme en ASS et contribue à plus de la moitié de la variance pour la prévalence (52,3%). Les facteurs socio-économiques sont plus importants que les facteurs environnementaux. Le niveau de richesse des ménages est le facteur socio-économique qui contribue le plus à la variance des prévalences du paludisme en ASS. La quantité de précipitation contribue seulement à hauteur de 0,3% à la variance de cette prévalence.Sans tenir compte du niveau d’endémicité, les facteurs liés à l’individu, au ménage, à la communauté et au pays de résidence, classent mieux le paludisme chez les non-infectés. Les facteurs les plus performants des enfants infectés sont les facteurs liés au ménage (avec 2,4 % d'erreur de classification). Ces facteurs ont démontré les meilleures sensibilités dans les zones à faible endémicité (Se = 91,5). Le Sénégal et le Burkina Faso ont la même proportion (51%) de ménages dans lesquels tous les enfants de moins de 5 ans dorment sous des moustiquaires en 2017-2018. Pour le Sénégal, cette proportion a augmenté jusqu’à 59% en 2019. Au Burkina Faso, il n’y a pas de différence significative pour la possession des moustiquaires entre les ménages en zones rurales et en zones urbaines (p-valeur=0,46). Au Sénégal, il y a une différence significative pour la possession des moustiquaires entre les ménages dans des zones urbaines et dans des zones rurales (p-valeur=0,002). Le lieu de résidence (urbain ou rural) est le facteur le plus important pour la possession des moustiquaires au Sénégal. Au Burkina Faso, c’est le niveau de richesse des ménages qui influence le plus la possession des moustiquaires (le R-carré du modèle sans le niveau économique du ménage est de 0,096). Etant proche de l’élimination, le Sénégal applique plus des surveillances actives comme un suivi entomologique dans tous les districts plusieurs fois par an. Entre les données de 2017 et de 2019 pour le Sénégal, il est observé une augmentation pour la possession des moustiquaires, mais une diminution pour l’utilisation des moustiquaires pour les ménages riches. En 2019, en moyenne 0,9 enfant pour l’utilisation des moustiquaires par ménage riche alors qu’en 2017, c’était en moyenne 1,2 enfant par ménage.ConclusionCette thèse analyse l’influence des facteurs socio-économiques et environnementaux sur l’augmentation des inégalités de prévalence parasitaire du paludisme parmi les pays d’ASS.Même si leur contribution à la différence de prévalence du paludisme est moindre que les facteurs socio-économiques, la quantité de précipitations et la température sont les facteurs environnementaux importants pour le paludisme. La régression géographiquement pondérée a permis d'observer des différences de relation entre la prévalence du paludisme et certains facteurs environnementaux en ASS. Tandis que dans certains endroits, une quantité élevée de précipitations, une température élevée ou une forte densité de population sont associées à une augmentation de prévalence du paludisme, dans d’autres la relation est inverse. Ces différences dans la relation de la prévalence du paludisme et les facteurs environnementaux au travers l’ASS, peuvent être dues à la gestion de l’eau de pluie, la gestion de l’eau utilisée dans les ménages, la gestion de l’eau dans l’agriculture ou la gestion des déchets aux niveaux locaux.Le pays de résidence est le facteur le plus important pour expliquer la prévalence parasitaire du paludisme. Ceci met en évidence l’importance du contexte global du pays tel que le contexte socio-politique ou le contexte écologique. Ce travail consolide l’idée que lors de la mise en œuvre de politiques de santé visant le contrôle ou l'élimination du paludisme en ASS, les contextes socio-économiques et environnements locaux doivent être pris en compte.Cette étude a le potentiel de stimuler les efforts de contrôle dans la lutte contre le paludisme sur le continent Africain, qui représente la majorité des cas du paludisme au niveau mondial.