Résumé : Les patients atteints d'insuffisance respiratoire, en particulier dans la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), ont un risque de chute plus élevé que les sujets sains. Cette maladie, dont l'un des symptômes majeurs est la dyspnée, présente également de nombreuses comorbidités, parmi lesquelles se trouvent les troubles de l'équilibre. Les causes de ces troubles sont multiples et leurs interactions sont complexes. Dans notre thèse, nous avons élaboré un modèle original d'interaction tripartite entre la respiration, la cognition et le contrôle postural, qui permet d'expliquer une partie des troubles de l'équilibre observés dans les pathologies respiratoires. Nous avons procédé en trois étapes : 1) Démontrer l'utilité d'outils de mesure simples et d'utilisation aisée, particulièrement en situation clinique, pour la mesure du contrôle postural et des modifications de volumes respiratoires et d'efforts cognitifs ; 2) Mettre en évidence les interactions entre la respiration, la cognition et le contrôle postural chez des sujets sains ; 3) Mettre en évidence ces interactions chez des patients atteints de BPCO. Après avoir démontré l'utilité des appareils de mesure, nous avons montré qu'il existe des interactions entre la respiration, la cognition et le contrôle postural chez les sujets sains. Nous avons observé que la charge inspiratoire ainsi que la dyspnée augmentent les oscillations posturales. Ces mêmes charges inspiratoires, ainsi que la dyspnée, ont également un effet délétère sur les scores et les temps de réaction lors de jeux cognitifs. De plus, la tâche cognitive augmente les oscillations posturales, de manière plus péjorative lorsqu'elle est réalisée de manière orale que mentale. Cependant, l'influence du caractère oral ou mental a moins d'influence sur le contrôle postural dynamique (TUG). La tâche cognitive interagit également avec la respiration en augmentant sa fréquence ou en interférant avec les temps de maintien d'une apnée. Chez les patients atteints de BPCO, nous avons confirmé une altération du contrôle postural statique par rapport aux sujets sains. Une tâche cognitive majore ces altérations. Une analyse plus systématique de la littérature (scoping review) montre par ailleurs que la dyspnée et la tâche cognitive infèrent péjorativement sur le contrôle postural de ces patients. Il faudra cependant approfondir le lien entre ces altérations de l'équilibre et le degré d'atteinte de la fonction pulmonaire. Dans nos travaux, nous avons montré que chez ces patients, le contrôle postural statique n'affecte pas les résultats d'une tâche cognitive ; le contrôle postural dynamique, quant à lui, le détériore de manière significative. En conclusion, nos études mettent en évidence des interactions complexes entre la respiration avec la dyspnée et la charge inspiratoire en tant que composantes essentielles, la cognition et le contrôle postural aussi bien chez les sujets sains que chez les patients BPCO. Nous avons montré que la charge inspiratoire et la dyspnée sont des facteurs importants qui altèrent la stabilité posturale et les performances cognitives. Ces résultats démontrent l’importance de prendre en compte les aspects respiratoire, cognitif et moteur lors du traitement des patients insuffisants respiratoires. De futures recherches sont nécessaires pour approfondir les mécanismes sous-tendent ces interactions. Une connaissance plus fine de ces dernières peut également permettre de concevoir des modalités de revalidations plus efficientes visant à réduire le risque de chute chez les patients BPCO