Résumé : En 2002, les champs magnétiques de fréquences extrêmement basses (ELF-MF) ont été classés dans le groupe 2B des cancérogènes possibles pour l'homme (IARC, 2002). Les limites d'exposition actuelles aux ELF-MF sont fixées pour éviter les effets établis induits par une exposition aux ELF-MF à court terme. Pourtant, ces limites semblent être beaucoup plus élevées que les niveaux auxquels le grand public est couramment exposé. Par conséquent, il est nécessaire de mener des études expérimentales sur les effets à long terme de l'exposition aux ELF-MF à une magnitude inférieure aux limites d'exposition. Dans ce contexte, mon travail de doctorat vise à étudier les effets à long terme de l'exposition aux ELF-MF, en particulier à la fréquence de 50 Hz, à différentes densités de flux inférieures aux limites d'exposition légales sur plusieurs paramètres: la viabilité cellulaire, les dommages génétiques et la sensibilité des cellules aux dommages induits par des mutagènes connus. Les effets cellulaires ont été étudiés à la fois dans une étude expérimentale in vitro (sur des cellules lymphoblastoïdes humaines (TK6)) et dans une étude de biosurveillance (sur des échantillons de sang de travailleurs exposés professionnellement à MF de 50 Hz). Dans la partie exploratoire, les effets de l'exposition aux MF sur l'expression des gènes ont été étudiés sur les cellules TK6 exposées à long terme aux MF de 50 Hz et sur des échantillons sanguins et buccaux de travailleurs exposés professionnellement aux MF de 50 Hz.Les résultats de l'étude in vitro suggèrent que l'exposition au MF jusqu’à 96 heures pourrait augmenter la viabilité des cellules TK6. D'autre part, l'exposition à long terme au MF 50 Hz jusqu’à six semaines n'était pas génotoxique et la pré-exposition à long terme au MF n'a pas affecté la sensibilité des cellules aux dommages induits par des mutagènes connus. Concernant l'étude de biosurveillance, nos résultats indiquent que l'exposition professionnelle aux MF n'a pas entraîné d'effets génétiques significatifs dans les échantillons de sang des travailleurs. Dans la plupart des cas, les travailleurs ont été exposés à un niveau assez faible de MF sur leur lieu de travail. Dans l'étude sur l'expression des gènes, nous avons détecté plusieurs gènes sensibles aux MF dans les cellules TK6 exposées à des MF de 50 Hz pendant 96 heures. Les effets étaient souvent faibles et dépendaient des densités de flux de MF et de la durée d'exposition.Notre conclusion finale est donc en accord avec les études précédentes qui suggèrent que l'exposition à long terme aux ELF-MF à des densités de flux inférieures aux limites d'exposition législatives n'augmente pas de manière significative les dommages génétiques cellulaires et ne modifie pas l'expression des gènes. En suivant les recommandations actuelles sur les limites d'exposition aux MF, il est peu probable que les MF puissent avoir des effets néfastes sur la santé humaine.