Résumé : Cette thèse ambitionne de partir des conditions de travail et d’emploi éprouvées par les éducateurs et leurs collègues au sein de trois institutions de la sous-commission paritaire 319.02 pour rendre compte d’une part, des facteurs de risques psychosociaux auxquels les travailleurs sociaux sont confrontés dans le cadre de l’exercice de leur fonction et d’autre part, des stratégies de prévention mises en œuvre pour faire face aux risques psychosociaux. Elle est le fruit d'une recherche-action s'appuyant sur une démarche inductive et une enquête de terrain exclusivement qualitative permettant de valoriser la parole des « experts de vécu », à savoir les travailleurs et leurs responsables hiérarchiques afin de mettre en lumière leur quotidien au travail, les difficultés rencontrées, les points de tension, mais également les ressources sur lesquelles ils s’appuient, les stratégies qu’ils mettent en place pour « résister ». L’analyse des données montre d’une part, que les difficultés relevées comme les plus prégnantes par les travailleurs sociaux constituent des « désajustements » renvoyant à une mise sous tension systématique de leur professionnalité, les exposant aux risques psychosociaux, et d’autre part, que les réponses mises en œuvre par ces mêmes travailleurs visent de façon récurrente à (re)construire et/ou défendre cette professionnalité pour « tenir » au travail. L’analyse révèle en outre que ces formes de régulation sont d’autant plus efficaces en termes de prévention qu’elles rencontrent trois conditions : elles sont portées par un collectif de travail rassemblant l’ensemble ou une majorité des travailleurs sociaux de terrain et dont la légitimité est reconnue ; les actions sont axées sur la prévention primaire ; et elles font l’objet d’une coordination avec d’autres acteurs de l’institution, notamment la direction. Il apparait que les choix organisationnels, portés par essence par le(s) responsable(s) hiérarchique(s), vont permettre de venir en soutien à ces formes de régulation collective, ou au contraire les affaiblir, ce qui a pour incidence d’exposer plus ou moins les travailleurs sociaux aux risques psychosociaux.