Résumé : Si, dans l’histoire culturelle et intellectuelle – passée et présente – des Africains et des Afrodescendants, la notion de « monde noir » est communément utilisée, elle reste paradoxalement très peu investie intellectuellement. De ce paradoxe, il ressort qu’elle recouvre des significations diverses, certes intéressantes, mais réductrices. Une préoccupation a traversé la thèse de bout en bout : tenter de conceptualiser un monde noir. Cette tentative est animée, avant toute considération politique, par le sentiment fort qu’un tel monde existe. Pour plusieurs raisons, sa mise en exergue et sa conceptualisation ne tiennent pas du « bon sentiment » ; elles sont plus que nécessaires. Il en va d’abord de la possibilité que ce monde noir puisse devenir conscient de lui-même et, surtout, tel que le formule Du Bois, conscient de ce qui le compose. Je me permets d’insister sur la conscience de « ce qui le compose » car c’est à cet endroit, celui des caractéristiques et de la nature de ce monde noir, que des appuis conceptuels me semblent manquer.