Résumé : Partant des expériences fragmentaires traitant de l’hybridité dans ma pratique théâtrale et cinématographique, le projet de recherche explore une convergence entre le cinéma d’animation et le documentaire, deux genres différents de la fiction ; le théâtre, un art du mouvement, tridimensionnel, éphémère, la peinture, un art bidimensionnel de la fixité saisissable dans l’espace.Comment faire coexister, fluidifier les disciplines en apparence incompatibles au service d’une narration documentaire ? Est-il possible de créer une œuvre artistique lorsqu’on ne possède que des archives partielles supposées détenir la vérité sur un sujet et construites unilatéralement ? Par la création artistique, comment déterritorialiser les archives dans un environnement difficile d’accès ? Quel est le sens du « réel » dans une création hybride ?Pour répondre à ces interrogations, deux concepts guident ma démarche. Le rhizome exploré par Gilles DELEUZE et Félix GUATTARI qui ont inspiré au fonctionnement de l’hybridité. Le Subaltern studies du philosophe italien Antonio GRAMSCI qui développe une démarche « par le bas » de l’Histoire en donnant une place aux sans-voix, c’est-à-dire en recourant à la communauté d’origine où les faits ont eu lieu. À partir de ce socle, j’ai effectué le chemin du récit d’adaptation en confrontant les archives belges et des sources populaires congolaises traitant du sujet en m’inspirant de la métaphore artistique du palmier à huile, une plante hybride rhizomique.Au cœur de la matérialité de cette démarche scientifique et artistique, une autorité coutumière, Mbako, chef médaillé de l’administration coloniale belge pendu de manière spectaculaire à Wamba au nord-est du Congo belge en 1934. À la base, une vague des meurtres opérés par les Anioto Hommes Léopards, « opposants ritualistes » à la domination coloniale