Résumé : La compréhension des mécanismes écologiques qui gouvernent l’assemblage des espèceset qui permettent leur coexistence dans les forêts naturelles est un objectif central de l’écologiedes communautés. La structuration des communautés implique des mécanismesdéterministes comme le filtrage environnemental abiotique et les interactions compétitivesmenant à une limitation de similarité ou à une dominance compétitive. Elle implique égalementdes mécanismes neutres et quasi-neutres comme la dérive écologique, la limitation dedispersion et la géométrie stochastique. La contribution relative de ces mécanismesd’assemblage varie en fonction des espèces, du stade de vie des individus et de l’échellespatiale considérée. Les motifs de distribution spatiale des espèces conservent une empreintedes mécanismes qui les sous-tendent et permettent donc de les inférer. Le développementrécent de techniques d’analyse spatiale de semis de points offre aujourd’hui de nouveauxoutils pour mieux relier les motifs de distribution spatiale des espèces et les mécanismesd’assemblage à l’œuvre. L’objectif général de cette thèse est d’identifier et de quantifierl’importance relative des mécanismes d’assemblage des espèces ligneuses au sein de deuxforêts tempérées belges. Les deux communautés étudiées sont des forêts de recolonisation,la première étant située sur le versant nord de la colline calcaire du Moessia (Calestienneoccidentale) et la seconde se situant en contexte urbain au Kauwberg (sud de Bruxelles).Le cadre méthodologique intègre l’analyse i) de la distribution spatiale des individus au seindes communautés et de leurs capacités de dispersion au moyen d’analyses spatiales de semisde points uni-, bi- et multivariées, ii) des liens entre les motifs de distribution des espèces et lavaleur de leurs traits fonctionnels et iii) d’un grand nombre de variables environnementales(édaphiques, topographiques, d’intensité lumineuse). Utilisés seuls, ces voletsméthodologiques ne permettent pas une interprétation univoque des mécanismes destructuration à l’œuvre. La combinaison de ces méthodologies permet donc de fournir une plusgrande capacité d’inférence sur les mécanismes d’assemblage qui influent sur lescommunautés d’arbres et de trancher plus finement parmi les différentes théories decoexistence des espèces. En outre, la comparaison des distributions spatiales entre individusjuvéniles et adultes, entre espèces indigènes et exotiques et entre espèces appartenant àdifférents groupes successionnels permet d’établir la prépondérance des mécanismesd’assemblage à différents stades de la vie de l’arbre, en fonction du statut d’indigénat ainsiqu’au cours de la succession végétale.Cette thèse est une contribution à la compréhension des mécanismes qui régissentl’assemblage des espèces et de leurs liens avec les traits fonctionnels de ces dernières dansles communautés ligneuses des forêts tempérées. La mise en évidence et la quantification deces mécanismes a des implications concrètes en termes de gestion forestière, de conservationde la biodiversité et de restauration des habitats mais également en termes d’organisation etd’interprétation fondamentale des recherches en écologie des communautés.