par Vranken, Apolline 
Référence Journée d'étude doctoral : L’histoire de l'architecture moderne à l'épreuve des gender studies (30 mars 2023: Université Libre de Bruxelles, Bruxelles)
Publication Non publié, 2023-03-30

Référence Journée d'étude doctoral : L’histoire de l'architecture moderne à l'épreuve des gender studies (30 mars 2023: Université Libre de Bruxelles, Bruxelles)
Publication Non publié, 2023-03-30
Communication à un colloque
Résumé : | En 1998, l’ouvrage d’Alice T. Friedman Women and the making of modern house: a social and architectural history (Friedman 2006) apparie histoire de l’architecture moderne et études de genre et marque un profond changement dans le champ de l’architecture. J’y ai découvert avec stupéfaction les images d’archives de la maison Farnsworth conçue par van der Rohe entre 1945 et 1951 aux Etats-Unis : plusieurs décorations ont été disposées par la propriétaire Edith Farnsworth sur les marches des escaliers iconiques. La paire de lions gardiens impériaux chinois et les pots de fleurs y surgissent comme des anomalies, des fioritures superflues voire comme du parasitage de l’archétype emblématique que constitue la maison Farnsworth à la géométrie et à la décoration épurées. Ainsi, ces photos d’archives enfreignent la grammaire canonique et proposent un regard neuf sur ce lieu et sur son appropriation habitante par sa commanditaire.De l’autre côté de l’Atlantique, l’actualité architecturale révèle un canon moderniste belge encore en chantier : création d’un nouvel inventaire du patrimoine architectural couvrant la période 1939-1999 (urban.brussels 2022) et parution de 5 guides d’architectures modernes et contemporaines depuis 2014 (Charlier et al. 2014). L’héritage architectural moderniste relativement récent et fragile pose la question de la patrimonialisation, de la préservation (comme de la démolition), de la restauration, de l’adaptation aux changements des normes tant techniques que sociales mais aussi des critères de sa nouvelle canonicité. Au regard des thématiques soulevées ci-dessus, l’étude comparative de l’évolution de deux réalisations de l’architecte moderniste belge Simone Guillissen-Hoa (1916-1996) permet de mettre en lumière les tensions, frictions et enjeux à l’œuvre. D’une part, la villa Faniel (1947, Uccle) et, d’autre part, la maison Durieu (en association avec Jacques Dupuis – 1953-54, Molenbeek-Saint-Jean) s’inscrivent dans un double mouvement de préservation tant de l’architecture du lieu que de la mémoire familiale à travers les générations qui s’y succèdent. Au niveau architectural, alors que la première s’apparente à une maison mutante subséquemment aux différentes modifications des espaces et aux révisions de son programme initial, la seconde est agie, à l’inverse, comme maison témoin, « rare témoignage de l’habitat bruxellois des années 50 » (Gigou 2021). Au-delà de ces dynamiques spatiales d’apparence opposées, ces logements unifamiliaux fonctionnent tous deux comme des maisons-musées, des musées à soi, privés, intimes, où les habitant.e.s, à la manière des collectionneur·euse·s amateur·rice·s, y mettent en scène leur propre généalogie subjective. Ainsi, les théoricien·ne·s articulant histoire de l’architecture moderne et gender studies invitent à déplacer le regard – tout au bord du canon voire en rupture avec ce dernier - , à considérer l’espace à la fois projeté par l’architecte et celui vécu par ses occupant·e·s ainsi qu’à réévaluer la dimension de l’appropriation habitante - faisant tantôt l’éloge du bricolage dans un processus de mutation, tantôt celle du passé dans un processus de muséification - dans les mécanismes de préservation, de patrimonialisation et enfin d’historicisation. |