Résumé : Déterminer le sexe biologique d’un individu à partir de ses restes squelettiques constitue une tâche essentielle pour tout anthropologue travaillant en contexte archéologique ou forensique, étape au cours de laquelle il fait appel à des méthodes de diagnose sexuelle reproductibles, fiables et validées. Toutefois, lorsque la préservation optimale des éléments diagnostiques osseux n’est pas assurée, tant la disponibilité que la performance de ces méthodes s’en trouvent limitées, et ce d’autant plus s’il s’agit de restes immatures ou brûlés. À cet égard, développer une méthode de diagnose sexuelle en se fondant sur un élément osseux à la fois fortement dimorphique et aux atouts taphonomiques avérés représente une voie prometteuse pour identifier le sexe de restes fragmentés. À partir d’une approche morphométrique alliant ostéométrie et outils digitaux, le présent travail se propose de contribuer à cette discussion en évaluant le dimorphisme sexuel de la base du crâne (i.e., os occipital et temporaux), y compris celui du labyrinthe osseux de l’oreille interne. Il s’appuie sur l’analyse d’un corpus de 611 crânes et de 121 labyrinthes appartenant à des sujets européens – immatures et adultes – d’âge et de sexe connus. Cette étude révèle, en premier lieu, comment le dimorphisme sexuel de la base du crâne s’exprime de manière plus marquée sur l’os temporal et ce dès le pic pubertaire. En outre, les résultats obtenus concourent à démontrer que ce dimorphisme chez l’adulte est également appréhendable et quantifiable dans un environnement virtuel. Par ailleurs, ce travail livre un faisceau d’arguments qui tendent à prouver qu’une méthode de diagnose sexuelle indépendante de l’âge ne peut être établie sur le labyrinthe osseux, mais qu’au contraire celle-ci doit prendre en compte les particularités d’expression de son dimorphisme sexuel d’une part chez le sujet immature et d’autre part chez l’adulte. Au cours de cette analyse, un certain nombre de modèles prédictifs de diagnose sexuelle ont été établis et validés, et leurs recommandations d’utilisation y sont partagées : 13 modèles pour la base du crâne adulte (de 77 à 87 % de classification correcte) ; 3 pour le labyrinthe osseux adulte (de 76 à 83 %) et 4 pour le labyrinthe immature (de 76 à 84 %). Ainsi, cette étude a contribué à l’élaboration de nouvelles méthodes de diagnose sexuelle dont les qualités (e.g., reproductibilité, fiabilité, facilité d’utilisation et faible coût) ainsi que les caractéristiques propres sont tout à fait adaptées à l’examen de restes osseux fragmentaires, qu’ils soient immatures ou adultes.
Assessing the biological sex of an individual from its skeletal remains is an essential task of any anthropologist working in archaeological and forensic context that involves using reproducible, reliable, and validated sex estimation methods. When the optimal preservation of the remains is however affected, availability and accuracy of those methods are consequently limited, even more for subadults or burnt remains. In that matter, estimating sex relying on a highly dimorphic bony element that show taphonomic assets represents a promising path for sex identification of fragmentary remains. Through a morphometric approach, combining osteometry and new digital tools, this research contributes to this discussion by evaluating the sexual dimorphism of the cranial base (i.e., occipital and temporal bones) including the bony labyrinth of the inner ear. It is based on the analysis of 611 skull and 121 bony labyrinths of Western-European individuals, subadults and adults, of known age and sex. Firstly, this study reveals how the sexual dimorphism of the cranial base reaches higher degree on the temporal bone as soon as the puberty sets off. The results also shows that this dimorphism is visible and quantifiable on the adult cranial base in a virtual environment. Moreover, this work demonstrates that an age-independent sex estimation method cannot be designed on the bony labyrinth, but that the specific modalities of its sexual dimorphism in subadults and in adults should be considered. Thanks to this analysis, various predictive models of sexual diagnosis have been established and validated. Usage guidelines are also given. The accuracy of sex estimation equations was found to be as follows: 13 models on the adult cranial base (77-87%); 3 models on the adult bony labyrinth (76-83%) and 4 on the subadult labyrinth (76-84%). Thus, this study provides new tools of sexual diagnosis whose qualities and characteristics are adapted to the analysis of human fragmentary remains, either subadults or adults.