Résumé : Cette thèse propose une analyse compréhensive afin de montrer comment l’approfondissement de la coopération institutionnelle, notamment par le projet d’intégration économique régionale, est configuré pour maintenir et renforcer l’ordre hiérarchique régional en Eurasie post soviétique. Dans le cadre d’un ordre hiérarchique régional en Eurasie postsoviétique dont au sommet se trouve la Russie, l'institutionnalisation de la coopération eurasienne représente un processus dynamique dans lequel l'hégémonie régionale russe se reconfigure conformément aux exigences du système international contemporain. La thèse traite le régionalisme eurasien postsoviétique guidé principalement par la Russie, en se concentrant sur les phases successives marquées par des enjeux et des événements décisifs. A l’aide d’une approche méthodologique diachronique, l'évolution de la perspective de coopération régionale de la Russie est étudiée en fonction des spécificités de chaque phase depuis la dislocation de l’Union soviétique. Sans privilégier une phase particulière du processus de coopération pour ne pas traiter le régionalisme eurasien postsoviétique comme un produit fini, cette thèse se concentre sur toute l'histoire du régionalisme postsoviétique comme un processus continu. L'évolution d’interaction entre les modalités de coopération régionale et la formation d'un ordre hiérarchique institutionnalisé en Eurasie postsoviétique est examinée dans la perspective d'un "mouvement double pendulaire" qui implique deux grands pendules interconnectés. Le premier pendule montre comment les stratégies politiques de la Russie oscillent entre hégémonie dure et soft/normative en termes d'interactions politiques et économiques avec le système international tandis que le deuxième pendule décrit comment ces stratégies déterminent les changements dans l'organisation de la gouvernance régionale.Le cadre théorique de l’étude se veut éclectique. Les hypothèses de la théorie néoréaliste sont utilisées pour comprendre la politique de coopération régionale russe envers l'Eurasie postsoviétique. Aussi, deux concepts opératoires, le régionalisme et l’hegémonie régionale sont avancés, les liens entre les deux étant analysés à travers la méthode d’analyse de « l’hégémonie coopérative » de Thomas Pedersen. Il s’agit d’ « un réalisme idéationnel-institutionnel » permettant de traiter les initiatives de coopération régionale dans le cadre d’analyse néoréaliste de ces deux concepts en tenant compte également des perspectives de l’institutionnalisme libéral et du constructivisme.