Résumé : Le sarrasin (Fagopyrum esculentum Moench, Polygonaceae) est largement cultivé dans certaines régions du monde mais la biologie florale de cette espèce distyle et auto-incompatible a été peu étudiée. Comparé aux autres céréales, il a un faible succès reproducteur. Dans cette étude, sa biologie reproductive a été investiguée en chambres de culture afin d’étudier les structures reproductrices (morphogenèse, comparaisons entre les morphes et production de nectar) et leur développement sous différents approvisionnements en ressources (en éliminant des organes sources et/ou puits), intensités lumineuses, photopériodes et stress hydriques. Le comportement des pollinisateurs en champ a été observé et nous avons tenté de déterminer quels évènements peuvent affecter son succès reproducteur. L’activité des méristèmes reproducteurs est potentiellement sans fin mais des phénomènes d’avortement arrêtent la morphogenèse. La disponibilité des ressources et la photopériode dans le cas d’une variété photosensible influencent l’activité méristèmatique et donc la production de fleurs. Lorsque les plantes ont une feuille étalée, la morphogenèse des structures reproductrice a lieu à de nombreux nœuds et ce stade est très sensible à un déficit hydrique. Les Diptera (syrphes) et les Hymenoptera (Apis mellifera L.) sont les principaux visiteurs. Une variation dans la gilde des pollinisateurs s’observe au début et à la fin de l’été. L’abeille apparait comme un pollinisateur efficace et comme le visiteur le plus fréquent. Le nectar, hexoses-dominant, est secrété lors de l’anthèse par des poils sécréteurs unicellulaires durant toute la période lumineuse même après fécondation. A l’exception de la morphologie des organes reproducteurs, les deux morphes diffèrent seulement dans leur production de nectar. Les fleurs brévistyles secrètent plus de nectar que les fleurs longistyles et sont préférentiellement visitées par les abeilles. Aucune limitation de transfert de pollen n’a été observée mais le rendement est très faible car beaucoup de fleurs ne fructifient pas. Une partie de ces fleurs ont un pistil de taille réduite et sont infertiles mais la majorité d’entre-elles paraissent correctement formées. A l’intérieur de l’inflorescence, la position de la fleur influence son devenir. Le pourcentage de graines diminue tandis que le pourcentage de fleurs d’apparence « normale » qui ne fructifient pas augmente de la base vers le sommet. Les avortements tardifs apparaissent peu importants en regard des pertes dues aux phénomènes d’échecs précoces de fécondation.