Résumé : Face aux problèmes environnementaux en lien avec l’urbanisation croissante, les espaces verts urbains jouent un rôle capital en termes de provision de services écosystémiques. Par le biais de la planification d’un réseau écologique cartographié, il est possible d’améliorer l’aménagement et la gestion de ces espaces verts afin de préserver la biodiversité urbaine et d’encourager la mobilité des espèces animales et végétales. En Région de Bruxelles-Capitale (RBC), un tel réseau a été mis en place en 2011. Représentant 30% des espaces verts bruxellois, les jardins privés en sont pourtant majoritairement exclus. De plus en plus, il est reconnu que ces espaces représentent un formidable potentiel d’accroissement de la biodiversité. En effet, de plus en plus de citadins adoptent des pratiques de jardinage écologique. Malgré la reconnaissance de leurs portées environnementale et sociale en RBC, il est difficile d’évaluer dans quelle mesure les jardins privés participent au réseau écologique. Cette recherche s’attèle à explorer les comportements, les attitudes et les perceptions des jardiniers dans le but de mettre en évidence les obstacles et les opportunités à l’intégration des jardins privés dans le réseau écologique bruxellois (REB). Par le biais de méthodes quantitatives et qualitatives, cette recherche dégage un certain nombre de constats et de recommandations à l’usage des décideurs politiques, des associations engagées dans le domaine de l’environnement, des chercheurs scientifiques et des citoyens. Plus précisément, dans cette étude exploratoire, il apparaît que les jardins privés bruxellois ont une forte valeur utilitaire qui contraint l’accueil de la biodiversité. Néanmoins, il y a une volonté forte de la part des jardiniers de se rapprocher d’un comportement de jardinage écologique et de tendre vers une réduction de l’usage des produits chimiques. L’étude a mis en évidence quatre catégories de jardins bruxellois, dont les jardins les plus conventionnels et les moins écologiques tendent à se concentrer dans certains quartiers en raison de facteurs socio-économiques ou en lien avec l’apparition d’une pression de voisinage. Malgré la mise en évidence de cette typologie, les jardins sont d’une hétérogénéité étonnante et sont la résultante d’une combinaison originale de besoins personnels, de facteurs culturels, socio-économiques et de la manière dont le jardinier, et plus généralement la société, envisage ses interactions avec la nature. Les perceptions de beauté, de propreté et de biodiversité des jardins sont également abordées dans cette étude et permettent d’avoir une idée de la nature désirée et acceptable. Quelques professionnels du jardinage ont également été interrogés dans l’idée d’évaluer les contraintes de cette filière en ce qui concerne l’abandon des comportements néfastes à l’environnement et au maintien de la biodiversité en ville.