Article révisé par les pairs
Résumé : Au Mexique, dans la région de Oaxaca, chaque événement politique enseignant (manifestation, occupation, meeting syndical) s’achève par une performance qui s’appuie sur le chant de campagne « Venceremos » (Nous vaincrons). Alors, une grande partie des personnes présentes entonne la chanson, tête baissée, le poing gauche levé… J’analyse l’action politique contestataire dans ce contexte mexicain comme relevant d’un nécessaire investissement physique du territoire, véritable subversion de l’espace dont l’expression vocale scandée est une dimension privilégiée. Slogans et hymnes politiques s’apparentent dès lors à des performances polyphoniques qui permettent de donner à percevoir un groupe s’exprimant d’une seule voix. Replaçant ces performances vocales dans leurs temps et espaces spécifiques (célébrations, meetings, manifestation), analysant un large corpus d’archives ethnographiques sonores, j’explorerai le lien entre propriétés acoustiques et construction politique des voix. Trois pistes seront explorées : les ressorts sensibles propres aux performances politiques ; la dimension sociale et historique du travail de qualification des voix ; enfin, une analyse réflexive plus large sur les apports épistémologiques d’une saisie ethnographique sonore du politique.