par Noël, Xavier ;Devos, Gaëtan
Organisme financeur Commission des Jeux
Publication Publié, 2022-12-15
Rapport
Résumé : Depuis 2004, la Commission des jeux de hasard (ci-après la CJH) a développé l’Excluded Persons Information System, dit EPIS, un système électronique qui reprend tous les joueurs exclus. Au 1er octobre 2022, 181.263 personnes sont répertoriées dans ce système dont 42.349 suite à une demande volontaire.De mars à juin 2022, une enquête a été menée par la CJH auprès de 2339 joueurs exclus entre janvier 2020 et avril 2022 ; 275 personnes y ont participé. L’enquête explorait les profils de joueurs autoexclus (p.ex., type de jeu, sévérité de la dépendance), leur perception de l’accès à EPIS et leurs motivations à s’exclure, leur comportement de jeu avant et après l’exclusion et leur recours éventuel à l’aide disponible.L’âge moyen des répondants, en majorité des hommes, était d’environ 40 ans et la plupart d’entre eux jouaient en ligne.La majorité des personnes interrogées vivait une première expérience d’autoexclusion. L’enquête souligne que la grande majorité des joueurs autoexclus considérait le système EPIS facile à utiliser. Le plus souvent, ils ont trouvé de l’information utile à ce sujet via les sites de jeu. La motivation à solliciter EPIS la plus communément rapportée était les problèmes financiers liés à un usage problématique des jeux de hasard (ci-après JHA).D’après les autoexclus interrogés, les effets positifs de l’exclusion EPIS sont nombreux. Il s’agit d’assainir sa situation financière, se sentir mieux, arrêter de jouer, réduire le désir de jouer, et enfin améliorer les relations aux proches. Autrement dit, le système EPIS est efficace à la fois pour atteindre les objectifs des consommateurs, mais aussi pour atténuer un large éventail de dommages liés au jeu. Malgré les effets positifs de l’autoexclusion, de nombreux joueurs envisagent de demander la levée de cette mesure, possiblement en raison d’un désir persistant de jouer.Le recours à une aide professionnelle pourrait sans doute limiter cette perte de contrôle. L’enquête montre cependant au cours de la période qui précède ou qui suit l’exclusion que celui-ci demeure marginal. Ils sont pourtant près d’un joueur sur deux à considérer cette aide potentiellement utile. Plusieurs facteurs contribuentau faible recours à une aide psycho-médicale, dont sa visibilité réduite et le manque de connaissances des professionnels au sujet des addictions comportementales en général, et de l’addiction aux JHA en particulier,qui peuvent expliquer leur sous-estimation diagnostique. Dans cette optique, dispenser une formation adaptée aux besoins des joueurs en difficulté aux médecins reste une piste à privilégier.Protéger les joueurs autoexclus de l’exposition aux publicités des JHA à leur intention représente également une mesure préventive indispensable. Ils sont en effet nombreux à recevoir de la publicité, ce qui pourrait représenter un facteur de risque de rechute non négligeable.L’enquête montre enfin que si les trois quarts des joueurs déclarent ne plus avoir joué après leur demande d’exclusion, ils sont néanmoins un quart à poursuivre leurs activités et ce, principalement, via les produits offerts par les sites illégaux ou par la loterie nationale, ce qui pose question en terme de protection de joueurs dont la vulnérabilité est établie.