Résumé : Cette thèse de doctorat explore les différents procédés d’intégration de la sculpture dans l’image dreyerienne et dans la représentation de la figure humaine aux niveaux des références, des motifs et des allusions à cet art. En prenant pour point de départ les propos du cinéaste et la diégèse du court-métrage Thorvaldsen (1949), et en s’appuyant sur plusieurs sources archivistiques, notre travail vise à apporter certaines propositions sur l’intention sculpturale chez Dreyer. À partir des théories de la Figure et de ses dimensions, le figuratif, la figuration et le figural, développées notamment par Aumont, Dubois, Vancheri, etc., nous formulons l’hypothèse d’un caractère dit « sculptural » dans la figuration des personnages dreyeriens, véhiculé par la mise en scène cinématographique et par une série de procédés plastiques.Sur base du scénario original de Thorvaldsen et des notes du cinéaste autour de l’art du sculpteur danois néo-classique Bertel Thorvaldsen (1770-1844), nous avons mis en évidence l’appropriation dreyerienne de la sculpture néo-classique. L’étude du long-métrage Michael (1924) porte sur l’incidence de la présence de la statuaire gréco-romaine et néo-classique dans l’univers visuel et narratif du film. Partant des dires de Dreyer sur les « effets visuels monumentaux » provoqués par certaines figures dans son long-métrage Vredens Dag (Jour de colère, 1943), l’étude plastique de ce film se focalise sur les procédés de la mise en scène qui parviennent à créer une série d’effets désignés comme « effets sculpturaux ». Dans le cas du long-métrage Gertrud (1964), l’analyse figurale de l’appropriation dreyerienne de la plasticité sculpturale est liée à la recherche dreyerienne d’un style « statuesque ». À l’aide des sources archivistiques, nous avons repéré, des allusions à des œuvres sculpturales identifiables. Ainsi, nous avançons le concept de style « antiquisant » en le mettant en perspective avec la tradition néo-classique et la réception de l’art antique par le Danemark.Nous avançons également une nouvelle piste heuristique autour de l’étude plastique du long-métrage, La Passion de Jeanne d’Arc (1927). Nous émettons ainsi l’hypothèse de la dimension sculpturale des figures des juges et de Jeanne d’Arc.