Résumé : Cette thèse a pour ambition de défendre la pertinence d’une interprétation métaphysique d’Expérience et nature de John Dewey. Elle vise plus spécifiquement à montrer comment l’enquête philosophique, comme élucidation et justification de l’expérience immédiate, s’ouvre nécessairement sur une enquête métaphysique. À partir d’une critique radicale des dualismes épistémologiques qui détruisent et appauvrissent selon Dewey la relation de continuité entre l’expérience à la nature, cette métaphysique, qui s’appuie sur une méthode empirique et naturaliste, s’articule autour de deux propositions centrales. La première, que nous qualifions de descriptive, soutient que la nature est ce dont nous faisons l’expérience. Elle conduit tout particulièrement à interroger le sens de la métaphysique comme « description des traits génériques de l'existence » ainsi que les concepts d’événement et de qualité que Dewey déploie pour qualifier la nature dans sa plus grande généralité, aboutissant alors à une ontologie processuelle, pluraliste et qualitative de l’existence. La seconde proposition (l’expérience est un événement de la nature) développe un point de vue génétique qui détaille les conditions qui justifient ontogénétiquement l’émergence de l’expérience comme événement de la nature à partir du caractère émergent de l’évolution. Nous nous intéressons à cet effet à la manière dont Dewey décrit et analyse dans Expérience et nature les phases successives, physiques et organiques d’abord, puis symboliques et mentales, à travers lesquelles se constitue non seulement l’expérience (dont l’expérience humaine), mais se développe la nature elle-même.