Résumé : L’objectif de cette thèse est d’appréhender l’utilisation des animaux sur le site de Pachacamac, site majeur de la côte centrale péruvienne (Ve-XVIe siècles), selon trois thématiques : leur usage dans la diète, dans les rituels et dans les offrandes aux défunts. Pour atteindre cet objectif, un corpus de 30 479 restes archéofauniques, jamais étudiés jusqu’ici, et provenant de 21 édifices et secteurs fouillés au cours de dix campagnes de fouilles du Projet Ychsma s’étalant entre 1999 et 2019, a été analysé. Ce matériel faunique a été abordé selon trois angles d’approche complémentaires : l’archéozoologie qui sous-tend la majeure partie du travail de recherche, l’archéologie et l’étude de sources complémentaires (ethnohistoriques, iconographiques et ethnographiques). L’analyse archéozoologique menée montre une constance au cours des phases d’occupation successives. Pour les taxons domestiques les plus fréquemment rencontrés, il ressort de cette analyse qu’en ce qui concerne les cochons d’Inde, leur taille est très homogène tout au long des périodes ; en ce qui concerne les chiens, on observe que les individus sont répartis en deux catégories de tailles, petite et moyenne ; enfin, pour les camélidés, les deux espèces domestiques ont été identifiées dans le matériel analysé et ce à toutes les phases d’occupation. Pour ces trois taxons, une prédominance d’individus jeunes est également relevée.Au terme de ce travail, les éléments de réponses suivants ont été dégagés. Pour ce qui est de la diète, les animaux consommés sont majoritairement les cochons d’Inde et les camélidés, et ce tout au long des phases d’occupations. Cette diète est complétée par la consommation de différents taxons sauvages chassés localement (oiseau marin, otarie) ou obtenus suite à des échanges de produits ou à des chasses organisées (cervidé). De plus, la pratique de la cynophagie sur le site a été clairement démontrée. Les résultats indiquent dans le même temps l’absence d’une incidence marquée de la colonisation et de l’introduction d’espèces eurasiennes. Pour ce qui est des usages rituels, quatre catégories d’offrandes ont été distinguées : les offrandes de fondation, d’abandon, cultuelles et funéraires. Les taxons domestiques (camélidé, chien et cochon d’Inde) dominent l’assemblage des restes archéofauniques retrouvés dans ces contextes. Des taxons sauvages (anoure, belette, cormoran, capucin et otarie) dont certains non endémiques de la côte centrale sont également utilisés comme offrandes mais en moindre proportion. Un élément particulièrement intéressant ressortant de mon analyse, est l’association récurrente dans plusieurs contextes de taxons domestiques et de taxons sauvages d’origine marine. Si globalement, l’exploitation, domestique comme rituelle, des animaux sur le site de Pachacamac du Xe au XVIe siècle présente de nombreuses similarités avec les pratiques relevées sur d’autres sites, mon étude conduit à considérer que certains aspects confèrent au site de Pachacamac une singularité qui mérite très certainement d’être approfondie par des études complémentaires.
The objective of this thesis is to understand the use of animals at the site of Pachacamac, a major site on the central Peruvian coast (5th-16th centuries), according to three themes: their use in diet, rituals, and offerings to the deceased. To achieve this objective, a corpus of 30,479 archaeofaunal remains, never studied before, from 21 buildings and areas excavated during ten excavation campaigns of the Ychsma Project between 1999 and 2019 has been analysed. This faunal material was approached from three complementary angles: archaeozoology, which underlies most of the research work, archaeology, and the study of complementary sources (ethnohistorical, iconographic, and ethnographic). The archaeozoological analysis carried out shows a constancy during the successive phases of occupation. For the most frequently encountered domestic taxa, the analysis shows that guinea pigs are very homogeneous in size throughout the periods; for dogs, individuals are divided into two size categories, small and medium; finally, for camelids, the two domestic species were identified in the material analysed at all phases of occupation. For these three taxa, a predominance of young individuals was also noted.At the end of this work, the following elements were identified. Regarding diet, the animals consumed were mainly guinea pigs and camelids throughout the occupation phases. This diet is supplemented by the consumption of various wild taxa hunted locally (seabirds, sea lions) or obtained as a result of exchanges of products or organised hunts (deer). In addition, the practice of cynophagy on the site was demonstrated. At the same time, the results indicate the absence of a marked impact of colonisation and introduction of Eurasian species. In terms of ritual use, four categories of offerings were distinguished: foundation, abandonment, cult, and funerary offerings. Domestic taxa (camelid, dog, and guinea pig) dominate the assemblage of archaeofaunal remains found in these contexts. Wild taxa (Anura, weasel, cormorant, capuchin, and sea lion), some of which are not endemic to the central coast, are also used as offerings, but to a lesser extent. A particularly interesting element emerging from my analysis is the recurrent association in several contexts of domestic and wild taxa of marine origin. If globally, the exploitation, both domestic and ritual, of animals at the Pachacamac site from the 10th to the 16th century presents many similarities with the practices found at other sites, my study leads us to consider that certain aspects give the Pachacamac site a singularity that certainly deserves to be studied further.
El objetivo de esta tesis es comprender el uso de los animales en el sitio de Pachacamac, un importante sitio de la costa central peruana (siglos V-XVI), según tres temas: su uso en la dieta, en los rituales y en las ofrendas a los difuntos. Para lograr este objetivo, se ha analizado un corpus de 30 479 restos arqueofaunísticos, nunca antes estudiados, procedentes de 21 edificios y zonas excavadas durante diez campañas de excavación del Proyecto Ychsma entre 1999 y 2019. Este material faunístico se ha abordado desde tres ángulos complementarios: la arqueozoología, en la que se basa la mayor parte del trabajo de investigación, la arqueología y el estudio de fuentes complementarias (etnohistóricas, iconográficas y etnográficas). El análisis arqueozoológico realizado muestra una constancia durante las sucesivas fases de ocupación. En cuanto a los taxones domésticos más frecuentes, el análisis muestra que los cuyes tienen un tamaño muy homogéneo a lo largo de todos los periodos; en el caso de los perros, los individuos se dividen en dos categorías de tamaño, pequeño y mediano; por último, en el caso de los camélidos, las dos especies domésticas se identificaron en el material analizado en todas las fases de ocupación. Para estos tres taxones, también se observó un predominio de individuos jóvenes.Al final de este trabajo, se identificaron los siguientes elementos. En cuanto a la alimentación, los animales consumidos a lo largo de las fases de ocupación fueron principalmente cuyes y camélidos. Esta dieta se complementa con el consumo de diversos taxones salvajes cazados localmente (aves marinas, lobos marinos) u obtenidos como resultado de intercambios de productos o de cacerías organizadas (cervidos). Además, se demostró claramente la práctica de la cinofagia en el lugar. Al mismo tiempo, los resultados indican la ausencia de un impacto marcado de la colonización e introducción de especies euroasiáticas. En cuanto al uso ritual, se distinguían cuatro categorías de ofrendas: de fundación, de abandono, de culto y funerarias. Los taxones domésticos (camélidos, perros y cuyes) dominan el conjunto de restos arqueofaunísticos encontrados en estos contextos. Los taxones salvajes (anuro, comadreja, cormorán, capuchino y lobo marino), algunos de los cuales no son endémicos de la costa central, también se utilizan como ofrendas, pero en menor medida. Un elemento especialmente interesante que se desprende de mi análisis es la asociación recurrente en varios contextos de taxones domésticos y salvajes de origen marino. Si globalmente, la explotación, tanto doméstica como ritual, de los animales en el sitio de Pachacamac del siglo X al XVI presenta muchas similitudes con las prácticas encontradas en otros sitios, mi estudio nos lleva a considerar que ciertos aspectos dan al sitio de Pachacamac una singularidad que ciertamente merece ser estudiada más a fondo.