Résumé : RésuméIntroductionLes accidents de la route (AR) sont classés comme huitième cause de décès à l’échelle mondiale. A cause de leur forte charge de mortalité et de morbidité, ils constituent l’une des priorités en terme de santé publique selon l’Organisation Mondiale de la Santé qui préconise, avec la communauté internationale, un ensemble de mesures à mettre en œuvre afin de les prévenir. Le Bénin, pays d’Afrique, continent faisant la plus lourde tribu des décès et invalidités dus aux AR, n’échappe pas à ce phénomène. Il est caractérisé par la prédominance des usagers à deux roues qui représentent plus de la moitié des victimes blessées ou décédées. Conformément aux recommandations internationales, des interventions sont mises en œuvre dans le pays pour lutter contre ce fléau. Cette recherche vise à évaluer l’efficacité de ces interventions de sécurité routière mises en œuvre au Bénin. MéthodesPour atteindre cet objectif, quatre études d’observation, une d’intervention et une revue systématique ont été réalisées avec des approches d’analyse qualitative et quantitative. La revue systématique a décrypté les interventions de sécurité routière mises en œuvre en Afrique et leur efficacité en exploitant des bases de données électroniques. L’analyse qualitative a consisté en un dépouillement de documents de la littérature grise et en l’analyse de contenu thématique des données d’entretien suivi d’une triangulation entre les deux. Quant à l’analyse quantitative, elle a été réalisée grâce au logiciel Stata 15 avec pour chaque étude des descriptions de variables, des croisements à la recherche d’associations statistiques et une modélisation par une régression logistique binaire ou un modèle paramétrique linéaire d’estimation des différences. Résultats Les résultats ressortent une forte volonté politique pour la sécurité routière mais il y a une insuffisance des interventions mises en œuvre, du financement, de la coordination, du système de surveillance des accidents et traumatismes, des systèmes de référence et de prise en charge des traumatisés. Les traumatisés à deux roues ne portant pas le casque ont été retrouvés 3,8 fois plus à risque de faire des traumatismes cranio-encéphaliques et ceux conduisant en état de fatigue 1,9 fois plus à risque. Ces recherches ont ressorti le profil des traumatisés portant le casque qui étaient ceux de sexe féminin (p=0,011), en déplacement professionnel (p=0,018), ayant souscrit à une assurance maladie (p=0,016) et ayant une ancienneté élevée dans la conduite (p<0,001). L’état des voies (p<0,001) et la visibilité (p=0,038) sont également retrouvés comme facteurs influençant le port de casque. Pour pallier à l’inefficacité des actions traditionnelles de sensibilisation, un modèle de sensibilisation basé sur la Théorie du Comportement Planifié a été testé pour améliorer les connaissances, attitudes et pratiques des usagers. Ce modèle a permis d’améliorer le score en matière du port de casque des sujets du groupe expérimental comparé au groupe témoin. Le gain de score du groupe expérimental était de 3,4 (p=0,011) entre la collecte initiale et la fin des séances interactives et de 5,4 (p<0,001) six mois après la fin des séances interactives. En dehors du non port d’équipement de protection et des types de lésions des traumatisés, les conditions de référence ont été révélées associées à la survenue des décès des traumatisés graves, en l’occurrence le délai de transfert à l’hôpital au-delà d’une heure [RR=5,66 ; IC = (1,53 – 20,94)] et transfert par les sapeurs-pompiers, la police [RR=7,41 ; IC = (1,85 -29,74)] et les ambulances [RR=4,84 ; IC = (1,36 – 17,28)].ConclusionEn conclusion, les interventions mises en œuvre ne sont pas suffisantes et/ou efficaces et l’Etat doit les renforcer, faire une priorisation et mobiliser davantage de ressources pour induire la réduction des accidents de la route, des traumatismes et décès dus à ces accidents.
AbstractIntroductionRoad traffic injuries (RTI) are ranked as the eighth leading cause of death worldwide. Because of their high mortality and morbidity burden, they constitute one of the priorities in terms of public health according to the World Health Organisation, which recommends, with the international community, a set of measures to be implemented in order to prevent them. Benin, an African country, continent with the highest burden of death and disability due to AR, is not immune to this phenomenon. It is characterised by the predominance of two-wheeled users, who account for more than half of the victims injured or killed. In accordance with international recommendations, interventions are implemented in the country to fight against this scourge. This research aims to evaluate the effectiveness of these road safety interventions implemented in Benin.MethodsTo achieve this objective, four observational studies, one intervention study and one systematic review were conducted using qualitative and quantitative analysis approaches. The systematic review deciphered road safety interventions implemented in Africa and their effectiveness by exploiting electronic databases. The qualitative analysis consisted of a review of grey literature and thematic content analysis of interview data followed by triangulation between the two. The quantitative analysis was carried out using Stata 15 software, with variable descriptions for each study, cross-tabulations in search of statistical associations and modelling using binary logistic regression or a parametric linear difference estimation model. Results The results show that there is a strong political will for road safety but the interventions implemented, the funding, the coordination, the accident and trauma surveillance system, the referral systems and the care of trauma victims are insufficient. Two-wheeled trauma victims not wearing helmets were found to be 3.8 times more likely to suffer head injuries and those driving while tired were found to be 1.9 times more likely. The research revealed that the profile of helmet users was female (p=0.011), on business (p=0.018), had health insurance (p=0.016) and had a high level of driving experience (p<0.001). Lane condition (p<0.001) and visibility (p=0.038) were also found to be factors influencing helmet use. To overcome the ineffectiveness of traditional awareness-raising actions, an awareness-raising model based on the Theory of Planned Behaviour was tested to improve users' knowledge, attitudes and practices. This model improved the scores of the experimental group compared to the control group. The gain in score for the experimental group was 3.4 (p=0.011) between the initial collection and the end of the interactive sessions and 5.4 (p<0.001) six months after the interactive sessions ended. Apart from not wearing protective equipment and the types of injuries of the trauma patients, the baseline conditions were found to be associated with the occurrence of death in severe trauma patients, namely the delay in transfer to hospital beyond one hour [RR=5.66; CI = (1.53 - 20.94)] and transfer by fire department, police [RR=7.41; CI = (1.85 -29.74)] and ambulance [RR=4.84; CI = (1.36 - 17.28)].ConclusionIn conclusion, the interventions implemented are not sufficient and/or effective and the country needs to strengthen them, prioritise and mobilise more resources to bring about a reduction in road traffic accidents, injuries and deaths.