Résumé : Malgré la simplicité apparente et l’emploi fréquent du terme fatigue dans la vie courante, celui-ci peut revêtir différentes significations. La notion de fatigue musculaire est définie comme étant une diminution transitoire et réversible de la capacité à produire une performance donnée (Enoka & Duchateau, 2008). Elle peut trouver son origine au niveau des systèmes nerveux et musculaire. Par exemple, il a été montré que la diminution de la performance (temps de maintien) repose probablement en partie sur des altérations localisées au niveau du système nerveux central qui limiteraient la durée de l’effort (Gandevia, 2001 ; Hunter et al., 2004). Aussi, la cinétique de récupération des facteurs nerveux après un exercice sous-maximal fatigant pourrait contribuer à réduire la performance lors de la réitération d’un effort (Cogiamanian et al., 2007). Dès lors, le développement de nouvelles stratégies visant à faciliter la récupération nerveuse s’avère particulièrement pertinent et il convient de s’interroger plus spécifiquement sur les effets potentiels de l’utilisation de la stimulation électrique transcrânienne par un courant continu de faible intensité (tDCS) pour contrecarrer le déficit nerveux observé. La tDCS est une méthode non-invasive qui modifie l’excitabilité neuronale pendant et après la période de stimulation (Nitsche & Paulus, 2000 ; Nitsche et al., 2003). Cette technique permet, par exemple, d’augmenter l’excitabilité des neurones corticaux des aires motrices (Nitsche et al., 2005) et de modifier l’excitabilité de réseaux neuronaux spinaux (Roche et al., 2009, 2011). Par ailleurs, la tDCS anodique semblerait améliorer les performances motrices chez des sujets sains (Bastani & Jaberzadeh, 2012) et augmenter le temps d'endurance (durée maximale de l'effort) lors de la réitération d’une contraction isométrique maintenue des fléchisseurs du coude après son application pendant 10 minutes (Cogimanian et al., 2007). Si ces premiers résultats suggèrent l’influence de la tDCS anodique sur la capacité à réitérer un effort, ils ne permettent pas d’identifier ses mécanismes d’action lors de contractions fatigantes. L'objectif de ce travail était d'étudier les mécanismes neuromusculaires explicatifs de la diminution de la performance lors de la réitération d’une contraction fatigante sous-maximale de deux groupes musculaires ayant des caractéristiques différentes et à envisager l’utilisation de la tDCS comme méthode visant à favoriser la récupération entre plusieurs efforts.