Thèse de doctorat
Résumé : La thèse sur « L’image de la femme tutsi dans l’imaginaire génocidaire (1959-1994) » met en relief des faits historiques et anthropologiques permettant d’établir la relation de cause à effet entre la représentation de l’image de la femme tutsi et le viol ainsi que les autres violences qui lui ont été infligées pendant le génocide des Tutsi. Le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 a fait plus d’un million de victimes en 100 jours. Au lendemain de ce génocide, beaucoup de chercheurs du Rwanda comme de l’étranger ont effectué des travaux afin de comprendre comment un tel funeste événement a pu advenir. Les témoignages des survivants et d’autres témoins, ainsi que des récits des acteurs du génocide ont contribué à faire progresser les connaissances sur ce sujet.)L’autre de recherche s’inspire des récits, des caricatures et des représentations qui sont porteuses de violences contre la femme tutsi en utilisant l’approche d’analyse qualitative de contenu. L’enjeu est de montrer en quoi ces représentations ont inspiré les tortures et les viols infligés aux femmes tutsi pendant le génocide de 1994. La thèse s’articule sur quatre grandes parties.La première partie présente de façon détaillée le cadre de l’étude dans lequel sont précisées la problématique, la méthodologie et les sources. La deuxième partie ouvre l’analyse en identifiant les archétypes attribués à la femmes tutsi dans la propagande anti tutsi. La troisième partie détaille les mécanismes de construction et de propagation des images créées par l’usage des caricatures, des chants et des discours déshumanisant la femme tutsi. Elle montre également comment les bourreaux sont mobilisés afin de participer en masse au génocide des Tutsi. Une mise en relation des faits de la propagande et ceux de l’exécution du génocide permettra d’expliquer le processus du génocide contre les Tutsi ainsi que le sort particulier des femmes tutsi. La quatrième partie explore les « fantasmes » et les « imaginaires » hérités de la période coloniale vis-à-vis de la femme en général ainsi que toutes les formes de violences envers elle durant les trois décennies d’avant 1990. Dans cette partie sont discutés des récits liés au genre féminin, traitements et considérations de la femme, les circonstances de violences dans la vie communautaire, familiale et socioprofessionnelle.Les principaux résultats de l’analyse sont des mots désignés comme archétypes par le fait qu’ils rassemblent des descriptions déshumanisant les femmes tutsi tels que ikizungerezi, Kanjogera, Nyiramusambi, Dalila, Ester, et ont tous été mobilisés par la propagande anti-tutsi. Leur connotation présentant la femme tutsi comme une série de figures néfastes : la séductrice-prostituée, la mauvaise employée, l’empoisonneuse-cruelle et espionne, ainsi que la mère de cafards. En analysant les mécanismes d’antagonismes et faits d’humiliation, l’auteure a remarqué l’usage de la stratégie de construction des « nous » contre les « eux » qui fut transmise et entretenue à travers les récits, les caricatures, les chants, les discours politiques, et la récupération des faits et symboles religieux. La finalité est de pouvoir documenter ces faits afin de les inscrire dans l’histoire du génocide commis contre les Tutsi.