par Derinöz, Sabri ;Louazon, Elena
Référence Festival des Jeunes Chercheurs et Chercheuses dans la Cité (10ème édition: 11 et 12 juin 2022: Bruxelles)
Publication Non publié, 2022-06-12
Communication à un colloque
Résumé : La profession de journaliste est régulièrement pointée du doigt pour son homogénéité réelle ou supposée. Une enquête réalisée en Belgique en 2018 dépeint une profession composée en majorité d’hommes (Le Cam et al. 2018), diplômés, issus de milieux aisés, nés en Belgique de parents belges (Van Leuven et al., 2019). Le manque de “diversité”, mot flou et polysémique (Devriendt 2012 ; Bereni et Jaunait 2009 ; Sholomon-Kornblit 2019), dans les médias s’est ainsi imposé comme un enjeu majeur auquel les entreprises médiatiques se doivent d’apporter une réponse. Ce manque de “diversité” des effectifs des rédactions est régulièrement pointé du doigt pour expliquer un traitement de l’information parcellaire ou de moindre qualité concernant certaines populations (Macé, 2009). L’approche prise par les institutions médiatiques et politiques s’inspire d’une représentation en miroir de la société ce qui « détermine un problème public et formate les réponses qui pourraient lui être apportées (Gusfield, 1981 : 55-61) ». La thématique de la “diversité” qui s’est imposée dans les espaces de travail depuis le début des années 2000 (Cerratto-Debenedetti, 2018) y a pris une tournure d’injonction, puisque les médias auraient par ailleurs un devoir de “représentativité” (Nayrac, 2011). Nombre d’entreprises médiatiques de France et de Belgique se sont aujourd’hui dotées d’un.e référent.e “diversité” et ont mis en place des dispositifs visant à favoriser l’intégration dans les équipes de journalistes “divers.e.s”. Des mesures de ce type ont-elles un réel impact sur le contenu de l’information produite ? Ces journalistes “divers.e.s” peuvent-elles et ils avoir une influence ? Ont-ils et elles une vraie marge de manœuvre dans les rédactions ? En détaillant la complexité de la chaîne de production de l’information et en explicitant les multiples contraintes économiques, organisationnelles, normatives -parfois contradictoires- auxquelles sont soumises les journalistes dans leur travail quotidien, cette communication entend expliciter les freins à l’apport d’un changement éditorial par ces journalistes “divers”. Le but de cette communication est de mettre en perspective l’approche empruntée par les personnes qui mettent en place certains dispositifs de “diversité” au sein des rédactions en l’articulant avec la prise en compte des moyens matériels de production journalistique existant actuellement en Belgique francophone.