Résumé : Ce travail de recherche décrit le processus de mise en place d’un projet d’aide au développement de l’agriculture biologique au Laos. La sociologie de la traduction a servi de cadre de pensée, afin de mettre le projet et in fine l’agriculture biologique au centre de l’analyse. En suivant le processus de traduction du projet, la thèse s’intéresse à la manière dont l’agriculture bio s’est moulée dans les institutions étatiques et s’est adaptée aux pratiques quotidiennes des gens qui en vivent. Cette initiative est notamment caractérisée par la création d’un groupe de producteurs biologiques, d’un marché fermier bio, d’une nouvelle législation et d’institutions étatiques encadrant ce nouveau mode de production. L’ethnographie, qui a eu lieu après la réalisation du projet, a permis de prendre en compte différents points de vue a posteriori et de constater ce qui a perduré et de quelle manière. À travers la traduction du projet (c’est-à-dire du passage de l’idée à la réalisation), l’évolution de l’activité, de sa trajectoire et de sa stabilisation, il s’agit de comprendre comment les personnes se sont approprié leur développement. Il est également question de saisir comment l’exécution du projet a généré de nouvelles formes de sociabilité et de nouvelles relations entre l’État et les agriculteurs en rapport avec les changements à l’œuvre dans la société contemporaine laotienne. Le fait de « contextualiser » le projet a permis d’explorer des pistes de réflexion au regard d’une question centrale en anthropologie du développement, à savoir : quels sont les effets des projets de développement ? À partir de ce cas d’étude, la thèse propose de réfléchir à l’impact du développement et à la manière dont les projets sont compris, intégrés, appropriés et transformés par les participants.