par Devroey, Jean-Pierre
Référence De la grêle et du tonnerre. Comprendre les intempéries dans l'Arrière-pays des paysans au Moyen Âge (1: 9 mars 2022: Collège de France)
Publication Non publié, 2022-03-09
Communication à un colloque
Résumé : Le premier cours-conférence présente le traité d’Agobard en le replaçant dans le contexte général de l’interprétation des intempéries et des représentations du monde physique dans l’idéologie chrétienne. La théologie de la nature d’Agobard est représentative d’un courant de rationalisme chrétien qui s’exprime par une causalité moniste : la présence et l’action divine sont à la fois nécessaires et suffisantes à l’explication du fonctionnement du monde physique. Cette conception prédomine dans l’entourage clérical des premiers Carolingiens. D’abord minoritaire parmi les élites du pouvoir, des courants d’idées divergents apportent une réponse dualiste à la question du malheur et du mal dans le monde terrestre. Celle-ci présente le Mal comme un principe agissant effectivement sur la Nature, directement par l’action d’entités ou de forces extranaturelles, et conjointement avec la complicité d’humains. La notion formulée par Thomas d’Aquin en 1272 du pacte maléfique marque un tournant doctrinal décisif qui conduira progressivement à criminaliser des croyances ou des pratiques qui relevaient précédemment de la pénitence et de la confession.
The first lecture presents Agobard's treatise by placing it in the general context of the interpretation of weather and representations of the physical world in Christian ideology. Agobard's theology of nature is representative of a line of Christian rationalism that expresses itself in a monistic causality: the divine presence and action are both necessary and sufficient to explain the functioning of the physical world. This conception predominated in the clerical entourage of the first Carolingians. Initially a minority among the power elites, divergent schools of thought brought a dualistic response to the question of evil and misfortune in the earthly world. It presents Evil as a principle actually acting on Nature, directly through the action of extra-natural entities or forces, and jointly with the complicity of humans. The notion of the evil pact formulated by Thomas Aquinas in 1272 marks a decisive doctrinal turning point that will progressively lead to the criminalisation of beliefs or practices that were previously part of penance and confession.