par Merten, Pascaline
Référence Atelier de traduction, 37, page (171-194), 10
Publication Publié, 2022-02-18
Article révisé par les pairs
Résumé : L’histoire de la traduction automatique (TA) est faite de hauts et debas, d’espoirs déçus et de réalisations auxquelles on ne croyait plus.L’engouement de la première démonstration en 1954 a cédé la place à unedéception qui marquera longtemps et profondément la recherche en traductionautomatique. Différentes approches ont fait l’objet de recherches et ontdébouché sur des réalisations de plus ou moins grande importance : d’abord lessystèmes à base de règles (directs, de transfert ou à interlangue), ensuite lessystèmes basés sur les données : les systèmes statistiques et à présent neuronaux.Certains concepts et certaines techniques n’ont été mis en œuvre que bienlongtemps après avoir été proposés. Ainsi pourrait-on voir dans les propositionsséminales de Warren Weaver en 1949 une amorce des systèmes à interlangue etstatistiques. Quant aux réseaux neuronaux, qui ont fait sortir l’intelligenceartificielle de son long hiver, ils remontent aux années 1980.C’est pourquoi nous avons emprunté son titre au très beau film coréen de Ki-Duk Kim, pour rendre cette conception d’une histoire en spirale : la TA évolue,en passant par des périodes de succès et d’autres plus obscures, en reprenant destechniques qu’on avait abandonnées, parce qu’elles étaient immatures ou que latechnologie n’était pas assez robuste pour les mettre en pratique.Ainsi, au-delà des dates et des techniques, l’histoire de la TA est l’occasion des’interroger sur le lien des technologies avec la vie intellectuelle d’une époque :en quoi la TA est-elle le fruit de son époque, et, en miroir, en quoi notre visionde la technologie, et de la TA en particulier en change-t-elle la réception ?************************************************************The history of machine translation (MT) is one of ups and downs, ofdashed hopes and disbelieved achievements. The excitement of the firstdemonstration in 1954 gave way to a disappointment that will leave a long anddeep mark on machine translation research. Different approaches have beenresearched and have led to achievements of varying degrees of importance: firstrule-based systems (direct, transfer or interlanguage), then data-based systems:statistical and now neural systems. Some concepts and techniques were notimplemented until long after they were proposed. For example, WarrenWeaver's seminal proposals in 1949 could be seen as the beginning ofinterlanguage and statistical systems. As for neural networks, which broughtartificial intelligence out of its long winter, they date back to the 1980s.This is why we have borrowed its title from the beautiful Korean film by Ki-Duk Kim, to convey this conception of a spiral history: MT evolves, goingthrough periods of success and more obscure ones, taking up techniques thathad been abandoned because they were immature or because the technologywas not robust enough to put them into practice.Thus, beyond dates and techniques, the history of MT is an opportunity toquestion the link between technologies and the intellectual life of an era: in whatway is MT the fruit of its era, and, in mirror image, in what way does our visionof technology, and of MT in particular, change its reception?