Résumé : La terre crue est le matériau de prédilection utilisée dans l’architecture ouest-africaine. Par ailleurs, cette architecture n’est pas souvent monumentale dans le sens occidental du terme. Du fait de son caractère peu résistant, elle laisse peu de structures en place en contexte archéologique. C’est ainsi qu’au début du 20e siècle les premiers Européens seront étonnés en voyant les premières enceintes et structures en pierres qu’ils nommeront « ruines du pays lobi » (sud-ouest du Burkina Faso et nord-est de la Côte d’Ivoire). En effet, les enceintes et structures en pierres sont les vestiges de constructions en pierres et en terre crue. Certaines d’entre elles sont monumentales, dépassant parfois 10.000 m2 et des murs de plus de 6 m de hauteur. Ces grands édifices sont les mieux étudiés et les plus connus du public grâce à l’inscription de l’enceinte de Loropéni sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour ces caractéristiques particulières, l’origine locale de ces vestiges a été niée au début, avant d’être finalement admise. Cependant, elles ont toujours été associées aux chapitres de « l’âge d’or » de l’histoire africaine tel que l’exploitation et le commerce de l’or à travers les réseaux marchands des échanges transsahariens à des systèmes défensifs ou encore des lieux d’enfermement d’esclaves. Cette thèse a eu comme objectif d’étudier les petites structures, considérées comme de moindres importances, mais qui sont pourtant majoritaires dans le paysage. Le cadre choisi pour l’étude a été un espace de 14 km2 autour des ruines de Loropéni, seul site ayant fait l’objet de fouilles archéologiques, et où sont présentes de nombreuses structures de taille plus modeste. Il s’agissait d’une part de caractériser ces petites structures et de comprendre leur lien avec les structures plus imposantes et, d’autre part, de les insérer dans un cadre régional plus global. Au cours de quatre campagnes de prospections et de fouilles, près de cent-cinquante de structures ont été recensées. D’autres sites archéologiques tels que des sites métallurgiques et des puits se trouvent également dans cet espace. Six sites ont été fouillés et leur cadre chronologique indique qu’ils ont été occupés entre la fin du 14e et le 18e siècle, ce qui en fait des occupations contemporaines aux ruines de Loropéni. Par ailleurs, leur architecture indique un type d’habitation compact à l’accès contrôlé et le matériel archéologique semble indiquer un mode de vie basée sur l’agriculture et l’élevage. La céramique archéologique présente des similitudes avec celles des ruines de Loropéni, et d’autres sites régionaux. Par ailleurs, des objets exceptionnels comme des cauris, des perles en pierre et en verre et un anneau en cuivre indiquent des contacts extérieurs. Cependant, les modalités pratiques de ces contacts restent encore largement à définir. En effet, l’aire d’occupation de ces vestiges semble avoir été aux marges des grands axes commerciaux et en dehors des sphères d’influence des entités politiques de la même époque.
Raw earth is the material of choice in West African architecture. Moreover, this architecture is not often monumental in the Western sense of the term. Because of its low resistance, it leaves few standing structures in the archaeological record. Consequently, at the beginning of the 20th century, the first Europeans were astonished when they saw the stone enclosures and structures that they named "ruins of the Lobi country" (southwestern Burkina Faso and northeastern Côte d'Ivoire). Indeed, the stone enclosures and structures are remnants of stone and mud constructions. Some of them are monumental, sometimes exceeding 10,000 m2 and walls of more than 6 m height. These large buildings are the best studied and the best known by the public thanks to the inscription of the enclosure of Loropéni on the World Heritage List. Because of their monumentality, the local origin of these vestiges was denied at first, before finally being admitted. However, they have always been associated with chapters of the "golden age" of African history, such as the exploitation and trade of gold through the trans-Saharan trade networks, defensive systems of confinement of slaves. The objective of this thesis was to study the small structures that were considered of lesser importance, but which nevertheless form a majority in the landscape. The framework chosen for the study was an area of 14 km2 in the vicinity of the ruins of Loropéni - the only site that had been archaeologically excavated - and where many smaller structures are present. On the one hand, the goal was to characterize these small structures and to understand their link with the most imposing ones and, on the other hand, to include them in a larger regional framework. During four campaigns of surveys and excavations, nearly one hundred and fifty structures were identified. Other archaeological sites such as metallurgical sites and wells are also found in this area. Six sites have been excavated and their chronological framework indicates that they were occupied between the end of the 14th and the 18th centuries, which makes them contemporary to the ruins of Loropéni. Moreover, their architecture indicates a compact type of dwelling with controlled access and the archaeological material seems to indicate a way of life based on agriculture and livestock. The archaeological ceramics show similarities with those of the Loropéni ruins and other regional sites. In addition, exceptional objects such as cowrie shells, stone and glass beads, and a copper ring indicate external contacts. However, the practical details of these contacts remain to be defined in the details. Indeed, the area of occupation of these remains seems to have been on the margins of the major trade routes and outside the spheres of influence of the political entities of the time.