Résumé : Résumé (French)Dans la présente thèse, nous examinons les processus intergroupes qui sous-tendent l’adhésion aux théories du complot. En nous basant sur la théorie de l’identité sociale (Tajfel & Turner, 1979 ; 1986), nous posons l’hypothèse selon laquelle croire aux théories du complot peut avoir des effets positifs pour les personnes appartenant à de groupes défavorisés. Plus précisément, nous proposons que les croyances conspirationnistes peuvent être appréhendées comme des stratégies de créativité sociale, à savoir des stratégies de distinction positive (positive distinctiveness strategies) visant à recadrer une comparaison intergroupe défavorable à l’endogroupe de façon à la rendre favorable – sans pour autant chercher à remédier directement aux inégalités intergroupes. De ce fait, les théories du complot pourraient aider au développement et au maintien d’une identité sociale positive chez les personnes issues de groupes défavorisés.Nous avons examiné cette proposition dans deux types de contextes intergroupes : les contextes qui préexistent aux croyances conspirationnistes (e.g., les pauvres vs. les riches), et ceux causés par – et centrés sur – les croyances conspirationnistes elles-mêmes (e.g., les « chercheurs de vérité » vs. les « moutons »). Dans quatre articles empiriques, nous avons investigué les relations entre croyances conspirationnistes, relations intergroupes (Chapitre 2), attributions internes des inégalités (Chapitre 3), et perception de la discrimination des personnes qui croient aux théories du complot (Chapitres 4 et 5). Dans le Chapitre 2, nous mettons en évidence que les croyances complotistes ascendantes (i.e., visant des groupes relativement puissants) et descendantes (i.e., visant des groupes disposant de relativement peu de pouvoir), bien que positivement corrélées, sont ancrées dans des relations intergroupes différentes et ont des corrélats idéologiques distincts – et dans une certaine mesure, opposés. Dans le Chapitre 3, nous montrons que les croyances conspirationnistes peuvent réduire les attributions internes des inégalités, et sont de ce fait potentiellement bénéfiques pour les membres de groupes désavantagés. Dans les Chapitres 4 et 5, nous mettons en évidence que les personnes qui adhèrent aux théories du complot tendent à également endosser des croyances complotistes relatives à l’usage du label « théorie du complot » lui-même (i.e., que nous proposons d’appeler « croyances méta-complotistes »), et que face à la discrimination de leurs croyances, ces personnes sont susceptibles de s’identifier davantage en tant que « complotistes ». Dans l’ensemble, l’hypothèse selon laquelle les croyances complotistes aident au développement et au maintien d’une identité sociale positive parmi les membres de groupes défavorisés est corroborée par nos résultats. Abstract (English)In this dissertation, we investigate intergroup processes underpinning the endorsement of conspiracy theories. Building on Social Identity Theory (Tajfel & Turner, 1979; 1986), we argue that believing in conspiracy theories may have positive outcomes for members of disadvantaged groups. Specifically, we propose that conspiracy theory beliefs may be viewed as social creativity strategies, that is, positive distinctiveness strategies that aim at reframing an unfavourable intergroup comparison in a way favourable to the ingroup – without directly challenging intergroup inequalities. Hence, conspiracy theories may help to develop and maintain a positive view of valued ingroups among members of disadvantaged groups.We investigate this contention in two distinct intergroup settings in which conspiracy theories are involved: intergroup settings that pre-exist conspiracy theory beliefs (e.g., poor people vs. rich people), and intergroup settings caused by – and centred on – (dis)belief in conspiracy theories (e.g., truth seekers vs. the sheeple). In four empirical articles, we examined how conspiracy theory beliefs relate to pre-existing intergroup relations (Chapter 2), internal attributions for group inequalities (Chapter 3), and perceived discrimination of conspiracy theory believers (Chapters 4-5). In Chapter 2, we show that upward conspiracy theories (i.e., involving relatively powerful groups) and downward conspiracy theories (i.e., involving relatively powerless groups), while positively correlated, are embedded in distinct intergroup settings and have distinct – and somewhat opposite – ideological correlates. In Chapter 3, we show that conspiracy theory beliefs can reduce the endorsement of internal attributions for group inequalities and may therefore be beneficial for members of disadvantaged groups. In Chapters 4-5, we show that conspiracy theory believers also endorse conspiracy theories pertaining to the label “conspiracy theory” itself (i.e., what we propose to name “meta-conspiracy beliefs”), and that when facing discrimination, conspiracy theory believers were susceptible to report an increased “conspiracy theorist” group identification. Overall, the general hypothesis that conspiracy theories help develop and maintain positive group identities for members of disadvantaged groups was corroborated.